Bïa : La fleur et la matraque
Le coeur vagabond et la voix céleste, l’incandescente Bïa raconte son amour pour les diverses cultures, tout en dénonçant les techniques de séduction agressives de certaines d’entre elles. Flirt 101.
Coeur vagabond, le plus récent disque de Bïa, est une heureuse symbiose entre la culture de son Brésil natal et sa culture francophone adoptive; elle y interprète en français de grandes chansons brésiliennes (de Baden Powell, Vinicius de Moraes, Caetano Veloso, Chico Buarque) et chante en portugais des classiques de Brassens, Souchon, Gainsbourg ou Michel Rivard. "Je portais cette idée en moi depuis très longtemps, confie-t-elle, parce que quand je suis arrivée en France et que j’ai découvert la culture française – pas seulement musicale mais aussi littéraire; tout ce qui touche à l’usage de la parole, de la langue -, je suis vraiment tombée amoureuse. J’ai passé beaucoup de temps à lire et à essayer de pénétrer un peu les mystères des tournures de la langue, à voir comment cette langue avait été possédée par des talents à travers les années, et mon amour pour cette langue s’est élevé à la hauteur de mon amour pour ma propre langue maternelle."
Ce grisant flirt entre cultures peut toutefois connaître des ratés dans le contexte actuel de mondialisation, notamment lorsqu’une d’entre elles se retrouve en position d’autorité et en abuse sans gêne. "Je crois qu’il faut distinguer métissage et matraquage; c’est très différent. Des peuples qui se rencontrent, qui créent des liens et qui cherchent ensemble un langage commun, puis d’un autre côté, le matraquage médiatique venu de certains, faisant en sorte que toute manifestation culturelle soit la leur, toute langue de rencontre soit la leur, tout critère artistique soit le leur… C’est très différent. Pour moi, le métissage est un mariage d’amour, tandis que le matraquage est un viol, entraînant une grossesse non désirée, venant détruire des patrimoines inestimables."
Bïa envisage la sortie d’un nouvel album de compositions vers la fin 2007. "Je n’ai pas envie de me presser. Je veux laisser venir les idées, laisser vivre les affaires. J’ai commencé ce projet au début 2004, et comme c’est un vrai plaisir d’y travailler, je ne veux pas raccourcir; il n’y a rien qui me presse à pondre tout de suite, alors il faut profiter de cette non-urgence, jouer la carte de la langueur et prendre son temps…"
Le 20 octobre
À la salle Pierrette-Gaudreault
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