Festival des musiques sacrées : Saint-Roch: cité des anges
Déjà 10 ans pour le Festival des musiques sacrées de Québec, qui prend place à l’église Saint-Roch, du 26 octobre au 5 novembre, avec six concerts à l’affiche. Discussions avec le directeur artistique Jacques Lamontagne et le haute-contre Daniel Taylor.
Au terme d’une cinquième saison avec le Festival des musiques sacrées de Québec, le directeur artistique Jacques Lamontagne collectionne les souvenirs et récidive pour souligner ce 10e anniversaire. Présenté pour la première fois en 1997 à l’initiative de l’abbé Mario Dufour, alors en poste à l’église Saint-Roch, le Festival a depuis précisé sa mission et cultive l’excellence dans un créneau musical parfois stigmatisé par défaut. "Ça peut paraître pointu comme domaine, constate Jacques Lamontagne. Malheureusement, les gens associent exclusivement la musique sacrée au chant grégorien. Ce n’est pas que ça! C’est très varié et il faut convaincre les auditeurs de s’ouvrir à l’inconnu et à la découverte." Des musiques issues de cultures distinctes à l’aube de la civilisation seront représentées par divers musiciens venus des quatre coins du monde, tels que l’Espagnol Eduardo Paniagua avec son trio Musica Antigua (28 octobre) et l’ensemble hongrois Corvina Consort (4 novembre).
Malgré tout, il est du devoir de Jacques Lamontagne de rester à l’écoute de l’auditoire et de ses réactions. L’ensemble américain Tapestry (29 octobre) est l’exemple typique d’un coup de foudre, survenu lors de son dernier passage il y a trois ans. "Elles avaient commencé leur concert en se déplaçant vers le centre de l’église, divisées en quatre à partir des extrémités de la salle. Les voix venaient de nulle part et envahissaient l’espace, c’était magique! Les gens étaient envoûtés."
Le haute-contre Daniel Taylor (3 novembre) est aussi l’un des favoris. Joint à Calgary en début de semaine, il fait acte de modestie en face d’une telle reconnaissance et concentre l’attention sur son ensemble, le Theatre of Early Music. "Mon nom est sur l’affiche et c’est compréhensible que les gens viennent voir et entendre Daniel Taylor", explique l’interprète et directeur musical de l’ensemble. "Par contre, c’est l’ensemble qui est à l’avant-plan. La motivation est la même pour tous les musiciens qui m’accompagnent: on veut être là. Il n’y a pas de boss." Une discipline démocratique qui s’applique aussi à la lecture des oeuvres choisies.
Avec un programme axé sur des compositeurs qui ont entouré Jean-Sébastien Bach de son vivant, tels que Nicolaus Bruhns et Heinrich Schütz, Daniel Taylor cultive la découverte pour un auditoire volontaire. "C’est une façon de redécouvrir Bach. Avec Schütz, on pourrait croire qu’il s’agit d’un programme difficile, mais dans toutes les compositions, il y a un acte de passion émouvant. C’est important pour nous de montrer le Beau." Et la voix, comment va-t-elle? "La voix? La voix, c’est moi. Ce n’est pas un instrument. À travers la recherche et l’interprétation, je travaille beaucoup sur la manière de me sentir mieux et d’être… soulagé. C’est un tout. C’est de faire le mieux possible sans impliquer d’être jugé. C’est peut-être pour ça que certaines personnes dans ce milieu n’aiment pas travailler avec moi. Mais c’est impossible de faire autrement, c’est l’honnêteté qui compte."
Du 26 octobre au 5 novembre
À l’église Saint-Roch
Voir calendrier Classique