Tomas Jensen et les Faux-Monnayeurs : La croisée des chemins
Tomas Jensen et les Faux-Monnayeurs se séparent après sept années de joyeuse galère. À l’heure où un ultime album en concert paraît et que s’amorce la tournée d’adieu, Tomas fait le point.
La question brûle bien des lèvres depuis l’annonce du divorce entre Tomas Jensen et les Faux-Monnayeurs. La mésentente s’est-elle installée au sein du clan ou la simple envie d’essayer autre chose a-t-elle eu raison du bonheur sonore entretenu depuis trois albums et tant de concerts? "Il n’y a pas de réponse claire; c’est plein de raisons, explique Tomas Jensen, fraîchement tiré des bras de Morphée. "Ça faisait sept ans qu’on était ensemble et, au bout de sept ans, il y a des choses qui changent, comme des façons de fonctionner. Moi, par exemple, quand j’écrivais des chansons dernièrement, je me sentais pris dans le fait de devoir écrire pour les Faux-Monnayeurs. Je ne pouvais plus écrire pour moi et, du coup, j’avais besoin de pouvoir faire autre chose. Mais bon, il y en a qui ont quitté avant moi", rigole-t-il, faisant allusion à Philippe Brault (basse) et Martin Desranleau (batterie), qui seront remplacés par Maxime Bouchard et Benjamin Vigneault pour cette dernière tournée de six spectacles.
Pierre-Emmanuel Poizat (clarinette, saxophone) et Némo Venba (trompette, percussions) seront pour leur part fidèles au rendez-vous. Fort heureusement, l’animosité ne serait pas la cause de ce départ précipité. "D’autres engagements, et aussi une sorte d’incompréhension, concède Jensen. Mais on n’est pas en mauvais termes", assure-t-il.
En ce qui a trait à la discographie, c’est avec un disque double enregistré en concert à Montréal et à Alma que le groupe dit au revoir à ses fans. Sur Pris sur le vif (GSI), 21 pistes regroupant les grands classiques de l’ensemble, des pièces inédites et quelques interprétations (notamment de Pierre Lapointe et Caetano Veloso) permettent de retrouver l’orchestre sous son meilleur jour. "Sur nos disques studio, il manquait toujours quelque chose, estime Jensen. Et ce quelque chose-là, je pense justement qu’on le retrouve dans les spectacles. On se connaissait tellement au niveau du jeu sur scène que c’est plein de petits détails, plein de choses qu’on ne pouvait pas faire en studio, entre autres parce qu’on improvisait beaucoup…"
S’il en parle au passé, c’est que le musicien d’origine argentine compte déjà bien d’autres idées à aborder, dont un album solo et un projet "rock-pop-électro-latin" avec le batteur de Tarmac, provisoirement appelé Proyecto Bandera. "Ça faisait longtemps qu’on voulait évoluer, et on a essayé plusieurs fois avec les Faux-Monnayeurs d’aller chercher des trucs plus modernes, particulièrement au niveau de l’instrumentation. Mais c’est pas évident", reconnaît-il, ajoutant que François Lalonde risque d’être à la barre pour la réalisation et assurément très impliqué dans les arrangements de son nouveau matériel, qu’il anticipe plus posé. "Des trucs un peu plus ballades, des chansons plus chansons, bref, un truc un peu plus personnel", prévoit-il, citant le printemps 2007 comme période possible de lancement. Mais en attendant, place aux adieux. (P.O.)
LA MUSIQUE DU MONDE
Tomas Jensen, par ses textes, dévoile sa grande conscience sociale. On n’a qu’à penser à Manifeste, chanson qui dresse un portrait lamentable de la société actuelle et qui montre indirectement du doigt tous ceux qui en tirent les ficelles. C’est donc sans surprise qu’on apprend son implication dans diverses organisations comme Greenpeace ou Jeunes musiciens du monde. Le Québécois d’adoption dit cependant embrasser d’une manière plus naturelle des causes liées à l’international, d’où sa participation comme porte-parole aux 10e Journées québécoises de la solidarité internationale, qui se tiennent du 9 au 19 novembre, et son spectacle à Trois-Rivières. "Étant donné que je viens d’Argentine et que j’ai aussi habité au Brésil, je sais que le monde ne fonctionne pas comme chez nous (le Québec). C’est sûr que chez nous, il y a aussi des gens qui sont mal en point, et il faut essayer de les aider. Mais, ici, il y a déjà beaucoup de recours. Ici, c’est plus difficile d’être dans la merde qu’en Afrique, quoi!" s’exclame le musicien. Trouve-t-il dommage que la distance crée parfois un désintéressement de la part des Nord-Américains en ce qui concerne les problèmes vécus à l’étranger? "C’est sûr qu’on n’a pas tous ni l’envie, ni le temps de réfléchir, de penser au déséquilibre mondial. […] Mais il y a des organismes comme l’AQOCI qui organisent ça, les Journées québécoises de la solidarité internationale. Et dans le fond, ce qu’ils montrent, c’est qu’il y a possibilité de faire quelque chose de concret. Ce n’est pas juste être là et se lamenter sur l’état du monde. C’est aussi voir ce qu’on peut faire concrètement. Il y a 55 organismes membres de l’AQOCI, qui font tous des choses concrètes, que ce soit de bâtir des écoles en Afrique ou d’aider à partir une coopérative agricole. Ça aide le monde au quotidien, dans sa vie de tous les jours" conclut-il. (K.G.)
Le 4 novembre à 20 h
Au Théâtre du Cégep de Trois-Rivières