Franck Monnet : La langue au chat
Franck Monnet vient présenter Malidor, un quatrième album où il assouplit sa plume et parvient à concilier habilement chanson française et sonorités britanniques.
Malidor, c’est un pays imaginaire où il fait bon s’évader. Un de ces endroits comme on s’en invente souvent, de ceux qui peuplent les livres pour enfants. Seulement, celui imaginé par Franck Monnet s’adresse aux grandes personnes. "L’idée est née dans le métro de Paris", explique le musicien d’origine bordelaise habitant la Ville Lumière depuis six ans. "Je voyais les gens écouter leur baladeur et je me disais: "Qu’est-ce qu’ils écoutent? Qu’est-ce qui les ferait partir, leur ferait plaisir?"" Histoire de concocter ce petit coin de paradis imaginaire de façon à combler le plus de voyageurs possible, Monnet a cru bon d’en garder les frontières aussi poreuses que possible. "J’ai tenté de garder l’image un peu floue, pour que les gens puissent se dire: "Ah oui; je vois", mais en restant assez imprécis en même temps…"
Autre caractéristique de Malidor, l’utilisation d’un langage moins pointu que sur les recueils précédents. "Je suis content parce que j’ai plein d’amis qui m’appellent pour me dire qu’ils comprennent mon disque, rigole-t-il. Plusieurs chansons arrivent à les faire voyager sans qu’ils aient besoin d’ouvrir un dictionnaire!" Le fait d’écrire pour d’autres (Emily Loizeau, Vanessa Paradis, Claire Diterzi) au cours des dernières années ne serait pas étranger au phénomène. En plus d’adoucir sa plume, l’artiste se concentre désormais sur l’aspect émotif de ses chansons, modérant son vif penchant pour l’ironie et l’ambiguïté. "En France, on a un gros problème avec le second degré et l’ironie", explique celui qui partagera la scène avec François Lasserre (guitare) et Frank M’Bouéké (batterie). "Souvent, en spectacle, on veut vraiment être sûr que les gens sachent bien qu’on est très intelligent (rires), et ça peut être un gros défaut pour le spectacle. Car le but, c’est d’émouvoir les gens. Ce n’est pas une conférence, on ne vote pas à la fin; on est ému ou on n’est pas ému. Alors je suis revenu de force à ça parce que c’est vrai que j’avais un côté un peu beau parleur dans mes chansons avant… J’ai vu des concerts qui ont changé ma vie et ce n’est pas l’ironie du spectacle qui m’a bouleversé, mais plutôt des choses assez primitives, en fait. Et c’est ça que je recherche aujourd’hui…"
Si des paroliers français tels Georges Brassens l’auront grandement marqué, d’un point de vue musical, l’influence des Britanniques reste incontestable chez lui. "Je crois que les Anglais, depuis très longtemps, aiment les chansons, et ça s’entend! J’ai vu un reportage où on disait qu’il y avait deux fois plus de pianos en Allemagne et en Angleterre qu’en France, et je pense que c’est très révélateur, estime-t-il. Puis il y a eu le séisme des années 60 pour les Anglais; toute une génération de groupes qui a donné beaucoup de bonnes idées à d’autres! Ils sont très, très forts. Je suis chaque fois bouleversé par les nouveautés anglaises; même des gamins de 19-20 ans, quand je vois comment ils sonnent! Ils n’ont même pas encore fini de faire de l’acné, rigole-t-il, et ils sont déjà bien meilleurs que 90 % des groupes français! C’est très impressionnant!"
Le 9 novembre à 20h
Au Théâtre Petit Champlain
Voir calendrier Chanson