Franck Monnet : Rêve éveillé
Franck Monnet représente bien la vitalité de la nouvelle chanson française, entre minimalisme et rock, autodérision et contemplation. Un univers original, à découvrir sur scène et cd.
C’est avec son tout nouveau disque, Malidor, que Franck Monnet risque d’attirer l’attention sur lui. Sur ce quatrième opus, le chanteur varie plus que jamais ses climats musicaux, cassant le moule du minimalisme acoustique. On lui a téléphoné en France quelques jours avant son arrivée au Québec: "Attendez, je vais baisser le volume, parce que même si c’est Mozart, si ça monte, on va être emmerdés!", blague celui qui a fait plusieurs fois les premières parties de Tryo des deux côtés de l’Atlantique en plus d’écrire quelques textes pour Vanessa Paradis (Bliss, 2000).
"En 1998, mon premier album est sorti (Playa). Ça n’a pas eu un grand succès, mais c’était une introduction dans le monde de la musique parce qu’avant j’étais étudiant à l’École d’Architecture. Je faisais des chansons depuis que j’étais gamin. Puis, en 2000, j’ai fait Les Embellies, et ce disque-là, Vanessa Paradis l’a entendu et m’a proposé d’écrire des textes pour elle. Nous avons tous les deux une passion pour la belle ouvrage," raconte-t-il simplement. Il y a la modestie chez Franck Monnet, celle des grands timides.
Personnage discret. La meilleure façon de le faire parler, c’est de l’interroger sur ses collègues chanteurs. Monnet se raconte sans le savoir à travers ses potes de chez Tôt ou Tard, amis ou collaborateurs: "Dans la chanson française, on est gâté. Il y a des gens qui ont poussé le bouchon très loin: Brassens, Brel, Barbara, et par chez-vous, il y a des types qui ont fait des trucs hallucinants. C’est très inspirant. La nouvelle génération, par exemple M ou Delerm, est décomplexée par rapport aux aînés, elle aborde le monde d’aujourd’hui en le décrivant de manière assez pop, en fait, en ramassant les références et en jouant avec un truc très ludique. Mathieu Boogaerts a écrit des merveilles." Monnet sait lui aussi ciseler des chansons délicates. Sur Les Embellies, on savourait Les Bancs et J’adore t’écrire. Sur Malidor, il chante de sa voix douce un sensible hommage au poète Cesare Pavese, auteur d’une autobiographie qui l’a marqué: Le Métier de vivre.
On voyage beaucoup dans son nouvel album. De London à Barcelone, en passant par Malidor: "Il s’agit d’un pays imaginaire. J’ai imaginé un endroit avec un nom enfantin, avec un jeu de mots un peu involontaire: Malidor, qui dort mal… Un monde de rêverie, l’occasion pour malaxer certains thèmes que j’aime bien: l’enfance, les voyages, la peur de la mort, l’écriture, le conte, une histoire d’amour, la nuit, qui est un moment privilégié pour la méditation. C’est sans doute le disque qui me ressemble le plus, car je suis allé chercher dans des territoires très personnels."
Franck Monnet s’amène au Québec avec ses musiciens pour recréer sur scène ce Malidor utopique dans lequel on croise des chats, un poète et un journal intime. À feuilleter, le moins discrètement possible, des deux mains.
Les 7 et 8 novembre
Avec Saule et les Pleureurs
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Daniel Bélanger
Vincent Delerm
Mathieu Boogaerts