L’ensemble Constantinople : Une saison en enfer
L’ensemble Constantinople a une approche très originale des musiques anciennes. Trop originale? Les conseils des arts sont mêlés; la saison est annulée…
Constantinople faisait paraître son premier disque chez Atma en 2001. En lançant De Castille à Samarkand en août dernier sous la même étiquette, c’est un septième disque que livrait la formation (le huitième si l’on compte Mania, lancé en mars par les frères Ziya et Kiya Tabassian, qui sont le noyau de l’ensemble). Entre les deux, Constantinople a acquis une réputation plus qu’enviable, multipliant les concerts à l’extérieur des frontières canadiennes. La saison dernière, l’ensemble donnait quatre concerts dans sa saison montréalaise régulière, faisait une tournée du Conseil des arts de Montréal, était invité pour deux autres concerts à Québec, et donnait 12 représentations en Europe et autant au Mexique. On a déjà vu moins actif… C’est d’ailleurs au retour d’une participation au festival Voix et Route Romane de Strasbourg que le directeur artistique de Constantinople, Kiya Tabassian, a appris que le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des Arts du Canada suspendaient tous deux leur aide à l’ensemble, forçant l’annulation de la majorité des activités prévues durant sa cinquième saison.
C’est au Mexique que j’ai pu joindre Kiya Tabassian, où il donnait un concert avec Constantinople le 26 octobre (après quatre dates en Belgique). "Ce qui nous a le plus surpris, explique-t-il, c’est que l’on n’ait pas pris en considération, ni d’un côté ni de l’autre, le chemin qu’avait parcouru la compagnie depuis cinq ans. Je pense que le problème principal, c’est qu’ils ne savent pas où nous placer…" Il faut dire que l’approche du répertoire ancien qu’a adoptée Constantinople est en effet originale, tout en étant très bien documentée. Les musiques qu’interprète l’ensemble, qu’elles soient de l’époque médiévale ou de la Renaissance, comportaient à l’époque de leur création de larges parties improvisées, et Constantinople continue de les faire vivre en maintenant cette tradition. Cependant, il semble que pour un jury de conseil des arts, faire cohabiter musiques anciennes et improvisation soit un concept bien mêlant. "C’est un problème que nous n’avons qu’au Canada. Quand nous tournons en Europe, nous jouons généralement dans des séries de musique classique, des salles de musique classique. Certains diffuseurs nous classent en musiques du monde, mais "volet classique"… Je pense que nous avons une direction artistique assez claire."
Trois des concerts prévus à la salle Pierre-Mercure devaient être diffusés par Radio-Canada, mais ils ont dû être annulés, tout comme les invitations à des artistes étrangers. "La brochure de la saison allait partir à l’imprimerie, continue Kiya Tabassian. On a plein de projets avec l’étranger qui nous disent que nous sommes sur la bonne voie…"
On pourra voir Constantinople cette semaine, alors que l’ensemble est invité à participer à une conférence donnée par l’historienne Faith Wallis à la Chapelle historique du Bon-Pasteur; l’ensemble y interprétera des extraits des Cantigas de Santa Maria. On ne le reverra à Montréal qu’en mai prochain pour son concert cinquième anniversaire. À moins d’un revirement.
Le Monde d’Alphonse le Sage: récital-conférence
Le 7 novembre, 19 h
Entrée libre, tél.: 514 872-5338
À SURVEILLER
La Traviata
C’est la soprano d’origine portoricaine Yalí-Marie Williams qui sera Violetta dans la toute nouvelle production de La Traviata que nous offre l’Opéra de Montréal à compter de cette semaine. L’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal et le Choeur de l’Opéra de Montréal interpréteront la musique de Verdi sous la direction de James Meena. À la salle Wilfrid-Pelletier les 4, 8, 11, 13 et 16 novembre à 20 h et le 18 novembre à 14 h, tél.: 514 985-2258.
HOMMAGE À DIAGHILEV
Jacques Lacombe revient diriger l’OSM pour une soirée qui rend hommage à l’illustre directeur des Ballets russes, Serge Diaghilev. Au programme, le célèbre Prélude de Debussy, L’Oiseau de feu de Stravinski et Shéhérazade de Rimski-Korsakov. Le 7 novembre, 20 h, salle Wilfrid-Pelletier, tél.: 514 842-9951.
REQUIEM
Les Violons du Roy, La Chapelle de Québec et Bernard Labadie nous refont le Requiem de Mozart, avec les solistes Hélène Guilmette, Michèle Losier, Colin Balzer et John Fanning. Aussi le 7, 20 h, à l’église Saint-Jean-Baptiste, tél.: 514 844-2172.