Les Temps Liquides : Délibérément botché
Les Temps Liquides ont remporté les honneurs dans la catégorie Album inclassable lors du gala GAMIQ en septembre. Entretien avec le cerveau du combo.
Lorsque le premier disque complet des Temps Liquides a été lancé, ma critique à son égard n’avait rien de bien élogieux. "Plus fucké que réellement percutant", pouvait-on lire dans notre édition du 9 mars dernier, et "leurs pièces rock-électro-trash-psychédéliques prennent des allures de n’importe quoi."
Quelques jours plus tard, le Montréalais qui a confectionné seul devant son ordinateur cet album baptisé Le truc c’est de tout faire à la botch, Frank Liquide, m’envoyait un courriel. Il y affirmait comprendre mon point de vue, tout en me demandant de réécouter le disque dans une tout autre optique. "La musique est trop importante pour rester entre les mains des musiciens, m’écrivait-il. Avec la technologie, il est possible de ne pas savoir jouer de musique, mais d’en faire quand même. Vois ce disque comme les expérimentations d’un anti-musicien, avec toutes les imperfections que ça comporte."
Sept mois plus tard, Frank revient sur ses propos. "En fait, j’ai voulu explorer les courants musicaux qui me touchent le plus, le punk et le rock, en branchant directement ma guitare (dont il ne sait pas vraiment jouer) dans l’ordinateur. Quand on travaille deux ou trois passages de chanson avec des programmes d’enregistrement, il y a certaines parties de la pièce qui s’enchaîneront mal; tu peux entendre un clic ou une transition bizarre entre deux rythmes. Il y a 1000 façons de pallier ça, et c’est ce que les gens font, de manière à masquer ces embarras technologiques. Moi, je voulais mettre en évidence ce que l’ordi fait spontanément: coupures étranges, clics, etc. M’amuser avec ça, un peu comme le faisait le mouvement elctro clicks’n’cuts."
On parle donc d’un punk rock électro expérimental enregistré sans grand traitement sonore et témoin des défaillances rythmiques d’un processeur. Bref, le disque parfait pour vos prochaines réunions familiales. "Non, je suis conscient que les Temps Liquides n’ont rien d’accessible. J’ai peut-être vendu une cinquantaine de copies en concert et chez les disquaires indépendants. Mais malgré tout, le projet obtient une réponse inattendue."
Frank fait référence au Panache d’Or gagné au Gala GAMIQ et aux multiples demandes de concert reçues par les Temps Liquides, le forçant à recruter quelques alliés: Abdoula La Botcheuse (voix), l’ex-Monsieur Toad et Absolu Éric "Trey Liquide" Deschênes (percussion et clavier), Dewso (basse) et Poffo (guitare). "Avec ces vrais musiciens, le groupe est forcément devenu plus professionnel", lance Frank.
Et preuve que la vie fait bien les choses, c’est moi-même qui, invité à présenter le prix Album Inclassable au GAMIQ, a remis le Panache d’Or à Frank. "Ouais, c’était ironique, mais je ne me suis pas dit "quin, maudite critique". Lara Fabian gagne aussi des prix, et ça ne veut pas dire que les critiques négatives à son égard ne sont pas justifiées!"
Le 4 novembre
À l’Escogriffe à 22h
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