Normand Guilbeault : Il était une fois Kerouac
Le jazzman Normand Guilbeault met en musique les textes de Jack Kerouac, sorte de réplique admirative à la mémoire du célèbre écrivain qui jazzait avec les mots.
Il y a déjà près de 6 ans que le contrebassiste Normand Guilbeault s’intéresse à l’oeuvre de Jack Kerouac. En 2002, il présentait le premier volet de son projet, ParKerouac, où il mettait en relation directe les écrits de l’auteur et la musique d’une de ses idoles, Charlie Parker, saxophoniste américain ayant largement contribué à l’élaboration et la popularisation du style be-bop.
Au printemps 2003, Guilbeault présentait la suite, Visions de Kerouac, dans le cadre du Festival International de Littérature. Voilà qu’il propose maintenant un condensé de cette grande aventure à l’occasion du Coup de coeur francophone. "L’idée a pris différentes formes au fil des ans, mais là, je pense vraiment avoir obtenu quelque chose d’assez regroupé, explique le musicien, tout juste rentré d’une tournée américaine aux côtés de l’accordéoniste suédois Lars Hollmer.
"À l’époque de ParKerouac, on était une dizaine de musiciens, plus une dizaine de poètes; c’était une grosse affaire, peut-être un peu trop, confie-t-il. Cette fois-ci, j’ai pris des extraits de chacun de ses 14 romans puis j’ai greffé autour de ça 4 musiciens: moi, Marc Villemure à la guitare, Alex Côté au saxophone et Claude Lavergne à la batterie, en plus de mon narrateur, Nicolas Landré, un jeune auteur-compositeur avec beaucoup de talent, aussi grand passionné de Kerouac. C’est vraiment un beau défi! Puis, en restreignant au niveau de l’instrumentation et des poètes, ça facilite l’exercice; c’est plus intimiste en quintette, et c’est plus facile pour le public aussi…"
Malgré ses origines québécoises, le poète et romancier, ayant vécu dans ses moments de sédentarité à Lowell au Massachusetts, travaillait essentiellement dans la langue de Shakespeare. "J’aborde ses textes dans les deux langues, explique Guilbeault. La plupart de ses oeuvres ont été écrites en anglais, mais plusieurs ont été traduites, alors je m’en sers un peu pour faire une sorte de projet bilingue", poursuit-il.
"Pour le Coup de coeur francophone, j’ai misé beaucoup plus sur les textes français, même si je n’hésite pas à employer l’anglais non plus. J’en ai modifié quelques-uns pour l’événement, pour qu’il y ait le plus de français possible, mais sa prose en anglais, ça swingue; il y a quelque chose là-dedans de très vivant et de très musical aussi, alors c’est sûr que je ne peux pas mettre ça de côté. Mais je l’ai adaptée pour faire en sorte que ça fonctionne bien avec le festival", ajoute-t-il, spécifiant avoir beaucoup travaillé à partir d’entrevues et d’enregistrements de récitals.
"Ce qui m’a beaucoup intéressé la première fois que je l’ai entendu lire ses textes, c’est le rythme, le débit et la musicalité de sa prose; quand je l’écoute, aves son slang américain, j’entends de la musique, carrément, puis, c’est ce qui me touche et m’attire. Alors j’essaie de faire des calques, c’est-à-dire que directement, à partir de sa prose enregistrée, j’écris de la musique, j’essaie de l’imiter en fait, pour essayer de faire entendre cette chose qui m’intrigue, justement; le côté musical de sa prose…"
Le 3 novembre
À la maison de la culture Frontenac
À voir/écouter si vous aimez
Le Band de Poètes
Charles Mingus
Pierre St-Jack