The Decemberists : Rapport d'indépendance
Musique

The Decemberists : Rapport d’indépendance

Les Decemberists lançaient il y a quelques semaines The Crane Wife, un quatrième album ambitieux considéré par plusieurs comme l’un des meilleurs titres de la cuvée 2006.

Il y a bien longtemps que mijotait dans l’esprit du chanteur et compositeur Colin Meloy l’idée de bâtir une oeuvre musicale s’articulant autour d’un conte japonais ancien intitulé The Crane Wife (La femme grue), dans lequel un homme frappé par une malédiction voit sa femme se transformer en un majestueux volatile et disparaître à tout jamais. Fataliste à souhait, le récit s’inscrivait à merveille dans l’imaginaire souvent sombre, voire sordide, de l’auteur: "J’ai découvert cette histoire alors que je travaillais dans une librairie, il y a plusieurs années, grâce à un livre d’images pour enfants. J’avais aussitôt su que cette légende ferait une bonne chanson", nous raconte-t-il au téléphone à partir de la Nouvelle-Orléans, où la bande faisait escale dans le cadre de la tournée entamée depuis peu.

Le projet a peut-être mis du temps à se concrétiser, mais il en résulte l’oeuvre la plus fine et la plus aboutie que le groupe de Portland ait livrée à ce jour. On y retrouve leur pop-folk aux accents épique et théâtral habituels, mais pointent aussi ici et là des influences seventies un peu plus funk et même prog. L’arrivée à la batterie de John Moen, à la suite du départ de Rachel Blumberg, a également contribué à faire légèrement dévier la trajectoire sonore des Decemberists: "Alors que Rachel était une batteuse au jeu plus éthéré et plus atmosphérique, John possède une approche beaucoup plus directe et rock. Il contribue au son plus mordant de ce disque."

Alors que Picaresque (2005) avait été enregistré dans une vieille église au bord de la décrépitude, The Crane Wife a été réalisé dans des conditions disons plus conventionnelles: "Nous voulions d’abord enregistrer dans une vieille école en vente que nous avions trouvée dans la vallée de la Willamette (Oregon), relate-t-il. Mais nous ne disposions pas d’assez de temps et avons donc opté pour le studio avec l’aide de Chris Walla (guitariste de Death Cab For Cutie) et de Tucker Martine pour la réalisation."

Si l’on dénote aussi une production plus léchée et des arrangements de plus grande envergure, c’est que The Crane Wife marque un autre point tournant, assez décisif, dans le parcours du groupe, soit son entrée dans les ligues majeures. Les Decemberists ont en effet délaissé la petite étiquette indépendante Kill Rock Stars pour signer avec Capitol Records. "En ce qui concerne l’aspect créatif, nous avons fait le même album que si nous étions restés sur Kill Rock Stars, nous nous dirigions de toute manière dans cette direction. Le résultat a évidemment grandement bénéficié du fait que nous avons disposé d’un plus grand budget. En fait, l’argent, c’est l’énorme différence… mais en contrepartie, la bureaucratie est devenue plus lourde et plus compliquée. Mais nous ne nous laisserons pas écraser par toutes ces considérations… Promis!"

Le 5 novembre
Au Métropolis
Voir calendrier Rock / Pop

À voir si vous aimez
Modest Mouse
Rogue Wave
Neutral Milk Hotel