Xavier Caféine et Jeronimo : Moi et l’autre
Xavier Caféine et Jeronimo brûleront les planches du Cabaret lors d’un concert rock. Intrigués par cette rencontre, nous leur avons demandé ce qu’ils pensaient de leurs albums respectifs. Leurs impressions à chaud.
Un fond rock, une racine punk et des textes inspirés et directs. Quand on y regarde de plus près, le Belge Jeronimo et le Montréalais Xavier Caféine ont plusieurs traits en commun, ce qui fait que les organisateurs du Coup de coeur francophone les ont réunis lors d’un doublé qui promet. "En écoutant Gisèle, l’album de Caféine, ces sons de guits et la production avec la batterie un peu sale, j’ai eu l’impression qu’on avait écouté les mêmes disques: ceux des Cure, de Joy Division, de Jesus and Mary Chain et de My Bloody Valentine, toute cette mouvance avec pas mal de bruit derrière", dit le sympathique Jeronimo, en direct de Liège, sa ville aimée-détestée. Caféine approuve: "Ce qu’on fait est différent, mais quelque chose nous unit au départ. On est des vieux punks, probablement cousins quelque part là d’où l’on vient."
Jeronimo, qui était de passage aux dernières Francofolies, recevra le prix Rapsat-Lelièvre (attribué par un jury belge et québécois) pour 12h33. Son album est distribué au Québec depuis le 31 octobre. Jeronimo a traîné pas mal sur le Plateau en 2003, côtoyé les Ève Cournoyer, Taïma, Psychocaravane et Les Chiens. "Ils me parlaient souvent de leur ville, comme quoi c’était à la fois un paradis et un enfer. Ariane Moffatt le fait dans une chanson qui laisse croire qu’elle est allée très loin, qu’elle s’est peut-être un peu perdue en chemin, et qu’elle est contente d’y rentrer. Dans Montréal (cette ville), Caféine parle de cet endroit qui le rend fou; son travail me semble s’inscrire dans quelque chose de très profond chez vous."
Xavier Caféine |
De son côté, le Pirate pop retient les textes bien ficelés de Jérôme, "avec une pointe d’humour noir, une chose que j’apprécie. Il a cette qualité de savoir utiliser la simplicité, en restant intègre et sans tomber dans le quétaine. C’est ce qu’il y a de plus difficile, je trouve. Je vais tout plaquer pour toi est justement un exemple réussi de chanson dépouillée. Jamais il ne se perd dans des arrangements inutiles. Le beat est fort, le texte, cool. En plus, j’aime ses titres. Une chanson intitulée Tous les gens que tu aimes vont mourir, ça pique la curiosité!"
En retour, Jeronimo apprécie lui aussi cette simplicité chez Caféine: "Ce qui m’a touché en écoutant son travail, c’est cette espèce de proximité. Il parle de sa ville très simplement, sans chercher à faire joli. Les Français sont passés maître dans l’art de nous emmerder avec des belles phrases abstraites qui ne veulent rien dire. Je me bats contre ce procédé. Chaque fois que j’écoute un tel disque, soit je suis mort de rire, soit je suis mort de peur, parce qu’il n’y a rien! Ce n’est que de la grammaire et des belles tournures. C’est paradoxal, mais en Belgique on est très peu nombreux à chanter en français. On a en commun avec les auteurs du Québec de privilégier le côté direct et franc, brut. Je retrouve ça chez Xavier. C’est comme vos rues, quoi, on va de là à là, et c’est tout simple."
Tous deux dans l’ombre d’un voisin qui prend pas mal de place ("C’est quand même absurde qu’on en soit rendus à confondre États-Unis et Amérique!", dixit Xavier Caféine), ils proposent un rock décomplexé et des chansons douces-amères, poignantes, que nous aurons la chance de connaître ou de redécouvrir au Coup de coeur.
Le 8 novembre
Au Cabaret du Musée Juste pour rire
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Saez