Easy Star All-Stars : Sauter la clôture
Musique

Easy Star All-Stars : Sauter la clôture

Easy Star All-Stars s’est fait connaître avec ses surprenantes transpositions reggae de Dark Side of the Moon, puis d’OK Computer. Derrière ces deux projets atypiques se cache un success story made in the U.S.A…

Il y a dix ans, quatre copains new-yorkais, Eric Smith, Lem Oppenheimer, Michael Goldwasser et Remy Gerstein, tous grands fans de musique jamaïcaine, hésitaient entre entreprendre des études universitaires… ou, comme le destin allait le décider pour eux, créer un label reggae qui engloberait les styles roots moderne, dancehall et autres projets d’anthologies. "Nous étions tous d’énormes consommateurs de reggae des années 80, et trouvions que plus personne ne produisait un son aussi excitant. Nos débuts furent modestes avec quelques 45 tours produits maison et, avec le temps, nous nous sommes associés avec Sister Carol, Sugar Minott, Ranking Joe, The Meditations et Tristan Palma, tous de prestigieux artistes jamaïcains qui avaient un pied-à-terre à Brooklyn", raconte Eric Smith.

Depuis, quelques autres artistes ont joint leurs rangs, dont Gary "Nesta" Pine, Junior Jazz, la formation John Brown’s Body de Boston et, plus récemment, Ticklah, l’organiste d’Antibalas. Donc, avec une douzaine de solides productions et anthologies à leur actif, notamment le légendaire Ghetto-Ology de Sugar Minott ("On a tellement écouté l’original en vinyle, à l’époque!"), un bon hommage à Studio One et deux tomes de Hidden Treasures composés de raretés, le quatuor d’hommes d’affaires en herbe prit aussi, par la force des choses, du galon en direction artistique, en direction de tournée et en réalisation.

"On en faisait le plus possible à nous quatre, donc on a tout appris sur le tas", ajoute-t-il avec un sourire en coin. "Un beau matin de 2003, Lem est arrivé au bureau avec son walkman sur la tête: il venait d’écouter Dark Side of the Moon et demanda à Michael, le réalisateur du groupe, s’il était possible d’adapter l’album en version reggae. Michael ne voyait pas de problèmes d’ordre musical, mais se demanda à quels chanteurs et D.J. jamaïcains ils pourraient bien proposer l’affaire…" Et, surprise, les Horace Andy, Frankie Paul, Meditations et autres Ranking Joe répondirent "présent".

Cent mille copies vendues plus tard, et après une tournée triomphale en Europe et dans les Amériques, ils décidèrent de répéter l’expérience en 2006 avec un projet encore plus ambitieux, Radiodread, leur relecture rootsy du classique de Radiohead OK Computer, qu’ils viennent présenter à Montréal ce week-end. Et, semble-t-il, à l’instar de Thom Yorke lui-même, la majorité des fans de Radiohead ne crient pas au blasphème, bien au contraire… Eric Smith avoue que la transposition de Radiohead s’est avérée beaucoup plus laborieuse, surtout au niveau du phrasé des textes. Quand on y pense, le concept d’Easy Star All-Stars se révèle l’un des rares à ce jour à avoir réussi à présenter de la musique jamaïcaine à un public rock depuis que… Chris Blackwell ajouta des solos de guitare et de l’harmonica aux réalisations des Wailers!

Le 11 novembre
Au National
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À écouter si vous aimez
Dark Side of the Moon de Pink Floyd
OK Computer de Radiohead
Is It Rolling, Bob? (hommage reggae à Bob Dylan)
L’oeuvre de King Tubby