Eric Mattson : TILT!
Eric Mattson organise des concerts qui font le pont entre les pionniers des musiques expérimentales et ceux qui suivent leurs traces. Des mises à jour nécessaires.
Quand la machine fait "tilt", c’est qu’elle reçoit trop d’informations, qu’elle ne répond plus. Submergés comme nous le sommes par d’incessants flots d’information, nous en venons quelquefois à oublier le passé pour nous concentrer uniquement sur le moment présent, quitte à penser réinventer la roue.
Pour court-circuiter ce cercle vicieux, Eric Mattson recycle le passé en présentant des soirées hommages à des expérimentateurs d’hier, soirées auxquelles il convie aussi des artistes d’aujourd’hui qui poursuivent, souvent sans trop le savoir, le chemin ouvert par leurs prédécesseurs. Une démarche didactique qui remet les pendules à l’heure. "Didactique, répète-t-il, ça voudrait dire qu’il y a vraiment une volonté d’instruire… Ce n’est pas là que se situe la base du projet. Je veux surtout créer des rapprochements entre des artistes par des thématiques, ou, dans le cas de la série TILT, autour de disques qui ont été importants pour moi. Évidemment, comme ce sont des disques atypiques, ils peuvent encore aujourd’hui être découverts par beaucoup de monde, et là, oui, dans ce sens, on peut dire que c’est didactique. J’achète encore des disques tous les jours, alors forcément, je fais moi-même des découvertes que j’ai envie de partager, et en sachant ce qui s’est déjà fait, on peut aller plus loin."
Le troisième programme de la série tourne autour des musiques électroacoustiques de la compositrice Micheline Coulombe Saint-Marcoux (1938-1985), dont le travail sera évoqué par Jean-François Denis, qui fera entendre des extraits du disque Impulsion (Empreintes Digitales). On entendra ensuite Steve Bates, Diane Labrosse et Nelly-Ève Rajotte, qui présenteront leur propre travail. "J’ai bien dit aux artistes invités qu’ils n’avaient pas à se sentir dans l’obligation de "rendre hommage", parce que s’ils sont là, c’est qu’il y a déjà une analogie entre leur propre travail et celui de l’artiste du passé dont on aura présenté le travail juste avant."
Le quatrième programme est centré sur l’inventeur Hugh Le Caine (1914-1977), un scientifique canadien qui a développé au Conseil national de recherche du Canada plus d’une vingtaine d’instruments de musique électronique. "Lorsque j’ai invité Jean-François Laporte pour ce concert, il ne connaissait pas vraiment le travail de Le Caine, bien qu’il ait remporté le prix Hugh Le Caine de la Socan en 1997. Et j’ignorais que Freida Abtan, aussi invitée, avait déjà réalisé une pièce inspirée par Le Caine!" Le troisième larron de cette soirée sera le platiniste Martin Tétreault, et le travail de Le Caine sera présenté par Gayle Young, sa biographe. "Il y aura aussi Goodiepal, poursuit Mattson, qui s’est ajouté parce qu’il passe par ici avant d’aller donner un concert aux États-Unis. C’est un artiste danois très original, un inventeur extraordinaire dont le travail s’inscrit parfaitement dans le cadre de cette soirée."
Des concerts qui laisseront peut-être à leur tour des traces sur disque, Eric Mattson étant aussi derrière l’étiquette ORAL.
TILT 03 (17 h) et TILT 04 (21 h)
Le 12 novembre
À la Société des arts technologiques
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