Jacobus et Maléco : Être ou ne pas être

Véritable cri de ralliement, Walla Walla, le deuxième compact du combo issu de la Baie Sainte-Marie (dans le Sud de la Nouvelle-Écosse), en a pris plus d’un par surprise. Parue à l’automne 2005, la galette avait de quoi séduire. Parsemée d’invités de marque (Ghislain Poirier participe à la pièce Avec la musique tandis que Zachary Richard a quitté sa Louisiane natale pour enregistrer Assimilation), elle aborde des sujets aussi pertinents que la mondialisation, le star-système, l’uniformisation de la culture et l’assimilation de la langue.

"Encore aujourd’hui, je trouve que trop de gens souhaitent protéger à tout prix la langue française et la culture acadienne. J’imagine qu’au Québec, c’est un peu la même chose. On ne cesse de prononcer le même discours depuis des siècles et on craint les cultures environnantes. Le jour où on n’aura plus peur de se faire assimiler, ce sera le paradis sur terre", affirme d’emblée Leks, joint à Ottawa où il poursuit ses études.

Construites autour de beats ravageurs, d’arrangements innovateurs et épicées de termes anglais, français et chiac (tout comme les textes de leur consoeur Marie-Jo Thério), les compos de Jacobus et Maléco sont propulsées par la musicalité unique de l’accent acadien, de même que par de multiples éléments électroniques. Du hip-hype, quoi. "Les gens associent hype avec mode passagère, mais pas nous. Au contraire, on cherche la hype! En créer fait partie intégrante de notre cheminement, et le hip-hype incorpore des éléments de marketing, du visuel, des sonorités électro, du rap et des gros beats. Je crois qu’il y a maintenant une place pour le métissage dans ce milieu. Pourquoi ne pas mélanger la chanson classique avec le rythme? La musique électronique avec le hip-hop? Au lieu de se replier sur nous-mêmes, on accepte toutes les possibilités. Cependant, lancer un mouvement rap acadien, ça ne m’intéresse pas le moindrement du monde. Être membre actif de la scène musicale acadienne, c’est une tout autre chose", avance l’enthousiaste jeune homme de 22 ans.

Jouissant de percutantes projections visuelles signées par le collectif Mouvement Multimédia qui gravite autour du trio depuis ses débuts, les spectacles de Jacobus et Maléco cherchent à attaquer les sens des spectateurs. Alexandre considère que le multimédia joue un rôle prédominant dans la démarche artistique du clan. "Ça fait partie de la game et on ne nie pas le fait qu’il y a une importante dose de marketing dans notre produit. Entre être et ne pas être, le choix était clair. Tant qu’à jouer avec l’aspect commercial, aussi bien le faire avec des gens que l’on aime et l’assimiler à notre art. Ce n’est qu’une simple extension de notre créativité et non pas un vulgaire outil de marketing pour ramasser de l’argent", précise l’inconditionnel de Roni Size.

Ayant accumulé plus d’une soixantaine de beats depuis l’arrivée récente de Timo (ancien coloc d’Alex) au sein du groupe, Bilodeau considère qu’un nouvel album devrait atteindre les bacs des disquaires en 2007. Avec cette galette, les comparses souhaitent repousser leurs limites et visent une carrière à l’échelle internationale. On ne pourra pas leur reprocher de manquer d’ambition. "Ce ne sera pas qu’un simple album, plutôt un repositionnement. On souhaite élargir nos horizons et ouvrir nos esprits. Présentement, il y a toutes sortes d’idées et un jaillissement d’inspiration mais tout est éparpillé. Il suffit d’attendre le moment propice pour se rassembler. Oui, on vise gros et, chaque jour, on s’approche un peu plus de notre but. Encore quelques mois d’hibernation et la bombe devrait exploser cet été." Nous voilà prévenus.

Le 11 novembre
Au Cabaret Juste pour rire
Voir calendrier Hip-Hop / Funk

À écouter si vous aimez
The Streets
Atach Tatuq
Boogat
Kulcha Connection