Pinchas Zukerman : Zukerman avant tout
Musique

Pinchas Zukerman : Zukerman avant tout

Pinchas Zukerman conserve son franc parler et ses convictions. Aucun compromis en ce qui concerne la musique. Le polyvalent chef d’orchestre poursuit sa mission au sein de l’Orchestre national des arts d’Ottawa avec détermination.

Après une saison tumultueuse l’année dernière à l’Orchestre du Centre national des arts d’Ottawa (OCNA), le chef d’orchestre Pinchas Zukerman est de retour pour une 9e saison, plus inspiré que jamais. En effet, des circonstances internes l’ont mené à quitter momentanément l’Orchestre au mois de janvier dernier pour ne revenir qu’au mois de mai. La présente saison s’annonce beaucoup plus positive. Avec un contrat prolongé jusqu’en 2011, "et même plus, vous pouvez en être sûr", Pinchas Zukerman ne revient pas sur le passé et cultive avant tout une passion: la musique.

C’est en compagnie du pianiste Daniel Barenboïm et de la regrettée Jacqueline du Pré, violoncelliste dont le destin tragique fut porté sur grand écran dans le film Hilary and Jacky, que le violoniste et altiste Pinchas Zukerman a connu la célébrité. La musicalité exceptionnelle de ce trio marque encore l’imaginaire, et le violoniste perpétue ses activités de chambriste au sein du Zukerman Chamber Players. "C’est l’activité que je chéris le plus, avoue un Pinchas Zukerman énergique et disposé. La musique de chambre est ce qu’il y a de plus important pour un interprète. Avec les Chamber Players, il n’y a pas de comparaison possible avec ce que j’ai pu faire dans le passé. L’expérience joue pour beaucoup dans l’interprétation, et, vous savez, j’étais dans la vingtaine à l’époque."

Tout comme son fidèle partenaire Daniel Barenboïm, le maestro, pour qui l’OCNA est au coeur de ses activités, avec ses hauts et ses bas, est un chef d’orchestre accompli. Le charismatique Zukerman n’échappe pas à la critique. On ne cesse de répéter qu’il est peu enclin à la programmation d’oeuvres contemporaines, une mission à laquelle l’OCNA doit souscrire à titre d’orchestre national. "Vous savez quoi, c’est leur problème et pas le mien, s’indigne Pinchas Zukerman. Tout ce que j’ai fait depuis 25 ans, ils [les médias] n’en parlent pas. Jamais! Lorsque j’étais au Minnesota (Orchestre de chambre de Saint-Paul), sur 27 oeuvres proposées, nous en avons interprété 12. Et les oeuvres canadiennes maintenant. Mais qu’est-ce qu’on en a à foutre qu’elles soient canadiennes? Si je vous pose la question "Êtes-vous uniquement Canadien?", je crois que la réponse est non. Je me trompe? On ne peut s’obstiner de la sorte en ce qui concerne la musique. Elle est bonne ou mauvaise."

Habitué à la controverse, Pinchas Zukerman s’accommode fort bien de ces jugements hâtifs avec lesquels il compose aisément. "Nous sommes dans une ère de spécialisation, où tout doit être étiqueté de manière précise, résume-t-il. Alors, on persiste: Zukerman est-il un chef d’orchestre ou un interprète? Est-il un violoniste ou un altiste? Est-il un soliste ou encore un chambriste? Quarante-cinq ans qu’ils cherchent à savoir! Maintenant, je vis bien avec ça."

Le 12 novembre
À l’auditorium Dufour
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