WD-40 : Tout pour le rock, la suite

WD-40 devient facilement un groupe fétiche. Pour ses shows défoulatoires, son énergie punk et son âme country, pour ses textes touchant autant au vulgaire qu’à l’absolu, et surtout, pour son honnêteté. Une franchise (sur scène, sur disque et en entrevue) qui ne s’est jamais démentie au fil des ans. Un exemple? En septembre 2002, alors que des rumeurs d’agonie couraient sur son état et celui de son groupe, Alex Jones affirmait: "Ceux qui disent que je suis soit drogué, soit en désintox, soit en rechute, que j’ai maigri, que je suis à l’article de la mort pis que j’ai pas de bon sens, je leur réponds que c’est pas de vos câlisses d’affaires pis mangez toutes un char de marde! Je ne suis pas à l’article de la mort et je préfère avoir maigri qu’engraissé… Je vais sûrement disparaître un bon bout de temps pour réfléchir et je reviendrai plus fort que jamais!" Avec la parution de Saint-Panache, preuve en est faite.

Que s’est-il passé pour qu’effectivement Jones revienne plus fort que jamais? "Ben on dirait que j’ai réfléchi en tout cas! J’ai repris du poids aussi, mais surtout en masse musculaire… C’est vrai que j’ai eu de gros problèmes de consommation de drogue, et l’accès aux programmes de méthadone était tellement restreint que ça n’a pas aidé ma réhabilitation. Quand tu dis qu’il faut que tu téléphones à telle heure, tel jour du mois pour y avoir accès, et que lorsque tu finis par avoir la ligne ils te disent qu’ils en avaient juste pour trois personnes et qu’ils ont déjà tout distribué, mettons que ça motive pas fort fort… Ça a duré des mois comme ça! J’ai fini par y avoir accès et ça m’a sauvé la vie! Y’a fallu que je fasse un changement radical. Après avoir tout perdu; mes outils, mes instruments, mon truck, mon permis de conduire, ma réputation, mon band pis mon frère, y’a fallu que je recommence tout à zéro. Heureusement, y’a du monde qui m’a fait confiance."

Parmi ce monde-là, Jean-Loup, le frère en question, est rentré au bercail, et même leur papa Richard s’en est mêlé pour financer une bonne partie de l’opération Saint-Panache. Le batteur Michel Dufour a accepté de prendre le contrôle des percussions et l’indispensable Éric Goulet, le "quatrième membre" de WD-40, s’est chargé de la réalisation. Le résultat est vraiment étonnant, musicalement riche et diversifié, et certainement supérieur poétiquement à tout ce qu’Alex a pu écrire par le passé. "Les textes de Saint-Panache ont été composés sur une très longue période, explique Alex. L’Envie de vouloir et La ville m’en veut, ça vient de ma période noire et ça a été composé dans un esprit de dépression profonde. Pis en même temps, y’a des influences mexicaines qui viennent de Michel Dufour sur Tous les animaux sont mes amis, et l’esprit tango argentin sur Ma dépendance, ça vient de moi. Mais j’ai toujours été comme ça. Je suis quelqu’un de très paradoxal, et ça s’est reflété dans tous nos albums."

Mais ce qu’on n’aurait jamais pu prévoir, c’est ce duo étonnamment harmonieux entre Alex et Marjo sur la pièce-titre de l’album: "On a voulu essayer plein de monde pis ça marchait jamais, avoue candidement Alex. À un moment donné, on s’est dit que ça nous prendrait une chanteuse "genre" Marjo! Ça fait qu’on s’est essayés avec la vraie… Ça a été long avant d’avoir une réponse, mais, à notre grande surprise, elle a dit oui!"

Les fans de la première heure (et même les autres) risquent de vivre un très beau moment en assistant au tout nouveau spectacle de WD-40. Décor, costumes, mise en scène et énergie nouvelle sont au rendez-vous. Mais que fera Alex si le succès tant espéré ne se pointe pas le bout du nez avec Saint-Panache? Lui qui avait déjà dit que s’il ne vendait pas 4500 copies de Fantastik Strapagosse, le précédent disque de WD-40, il n’en referait plus d’autres? "Je ne fais plus de prédictions, ça m’a porté malheur… Mais c’est sûr qu’à un moment donné on ne pense plus au succès momentané. Ça me fatigue de m’aimer pour tout le monde…"

Le 10 novembre
Au Théâtre Petit Champlain
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