Frigid : Sur l'oreiller
Musique

Frigid : Sur l’oreiller

Frigid se fait plaisir en lançant un premier album autobiographique et intense à la croisée du new-wave, du rock et de l’industriel. Rencontre avec l’androgyne D.J. montréalais.

Sa présence scénique, son style extravagant et ses goûts musicaux éclectiques et impeccables firent de lui le D.J. le plus en demande de la Métropole. Aujourd’hui, Joffrey Dumas, alias Frigid, délaisse le "DJ" devant son nom, suit les traces de Tiga et de sa rivale Mini et se lance tête première dans l’aventure solo avec un étonnant premier compact, le conceptuel Bedroom Sessions. Trame sonore cochonne entièrement enregistrée dans sa chambre à coucher, l’opus prolonge l’ambiguïté sexuelle qu’il cultive depuis ses débuts de disc-jockey en 1998. "L’idée était d’aller rejoindre les gens dans leur intimité en leur parlant de ma propre intimité. Dans une chambre à coucher, il n’y a pas que de la sexualité entre deux êtres humains. On peut y vivre une multitude d’émotions: de la solitude, de la tristesse, de la rage. C’est ce genre d’émotions que je désirais partager avec les auditeurs", explique Frigid.

Ayant traversé maintes tempêtes sentimentales au cours des cinq dernières années, le très looké multi-instrumentiste accouche d’une oeuvre sombre et personnelle, naviguant entre new wave eighties et élans gothiques et industriels. "D’un côté, c’est cool d’être célibataire car j’ai pu me concentrer sur ce projet et y mettre toute mon énergie, mais ce besoin de me retrouver en couple devenait lourd à porter. Je voulais qu’on ressente cette douleur. Ce fut une libération de réaliser cet album car j’ai l’impression que je suis parvenu à me purger d’émotions néfastes. Je voulais me mettre à nu, ne pas me censurer. Il y a trop de musique de nos jours qui ne sert qu’à plaire à un public vendu d’avance et je n’avais aucunement envie de tomber dans ce piège", raconte le Montréalais de 30 ans.

Déjà reconnu pour ses tendances rock prononcées alors qu’il "spinnait" dans les populaires soirées Overdose au Unity, Frigid a constellé son nouvel opus de sensuels gémissements (sa voix traînante évoque même parfois feu Michael Hutchence) et de puissants riffs de guitare, gracieuseté d’un certain Richard Martineau (pas celui que vous croyez). Rockeur dans l’âme, Frigid? "Absolument. J’écris de la musique depuis que je suis très jeune et c’est clair que mes influences sont plus rock qu’électro. Je le constate dans ma façon d’écrire. Plusieurs pièces peuvent être interprétées à la guitare acoustique. Cet aspect "dans le tapis" convenait à merveille à l’intensité des morceaux et aux sujets lourds que j’avais choisi de mettre de l’avant", raconte le fan fini de P.J. Harvey.

Terminé en mars dernier, le compact est resté sur les tablettes six mois parce que son auteur considérait qu’il ne convenait pas à la période estivale ("c’est un disque d’automne!"). D.J. à ses heures au Parking, il songe déjà à un album remix de Bedroom Sessions, prévu pour l’automne 2007. Pour l’instant, la bête de scène souhaite renouer avec son environnement naturel et multiplier les spectacles. "J’aimerais pousser l’album jusqu’en Europe, mais sans aide, c’est drôlement compliqué. À ce moment-ci de ma carrière, je commence à avoir besoin d’un coup de main. Je me suis rendu à cette étape tout seul mais j’ai envie d’aller beaucoup plus loin. J’ai tenté de magasiner un agent récemment mais je crois que je fais peur aux gens! Peut-être n’ai-je pas approché les bonnes personnes, mais bon, je garde espoir." Avis aux intéressés.

À voir/écouter si vous aimez
Dandi Wind
Lesbians on Ecstasy
Ikon