Stefie Shock : Ondes de Shock
Musique

Stefie Shock : Ondes de Shock

La tornade Stefie Shock s’apprête de nouveau à attaquer le Québec et l’Europe avec Les Vendredis, un troisième album moins pop, plus rock, et, au bout du compte, plus durable.

"Les Vendredis, ça suggère que la plupart des gens sont en congé, avec l’excitation qui vient avec ça. Le sofa de la pochette, c’est celui du studio d’enregistrement sur lequel je méditais, je faisais la sieste, j’écrivais ou j’étais survolté! Sur la photo, j’ai une pose de réflexion, mais j’ai une boule disco juste à côté de moi. Je trouvais que ça avait quelque chose d’intrigant", raconte Stefie Shock au bout du fil, de plus en plus allumé, émergeant du sommeil d’où on l’avait tiré une demi-heure plus tôt, un lundi midi.

Pour le chanteur, c’est tous les jours vendredi. Il poursuit l’analyse de sa jolie et classieuse pochette de disque: "J’aime les choses intrigantes, la réflexion qu’il y avait dans la boule miroir, il y a du mystère là-dedans. On a donc choisi cette photo, mais ce n’était pas prévu. Ce qui est l’fun, c’est l’imprévu, que tout ne soit pas calculé. C’est comme les chansons, six mois avant, on ne sait pas ce qu’il va y avoir, ça va dépendre des vibrations qu’on ressent. Ce qui me tient à coeur aussi, c’est l’interprétation que font les gens d’une image ou d’un texte. Il y a plein de façons d’entendre ou de comprendre les choses."

Stefie Shock est sans doute le plus "stylé" des chanteurs québécois depuis Jean Leloup. La mise en scène par les fringues, l’importance de l’allure. Composer de bonnes chansons ne suffit pas, il lui faut se mettre en lumière, redonner au mot "spectacle" son plein sens. Il apporte au milieu artistique québécois une touche de glamour très européenne. Musicalement, également, Shock rappelle davantage les Français que les Québécois. Il n’est donc pas surprenant que l’homme tente sa chance outre-Atlantique et qu’il figure sur les compils chic de chanson française Le Pop, seul Québécois (avec Pierre Lapointe) à réussir l’exploit. Le morceau choisi, Les Averses, est un des meilleurs du répertoire de Stefie, tout comme sa nouvelle et très belle chanson Nirvana, à savourer les yeux fermés.

Sur son nouvel album, Les Vendredis, la chanson d’introduction (Pixels flous) rappelle par son écriture Serge Gainsbourg et Alain Bashung. On doit les paroles à Michel Brunelle: "C’est mon grand frère spirituel. Il a publié des livres déjà. Il a une plume extraordinaire, un sens de la réflexion très inspirant."

En plus de ses collaborateurs habituels (Mathieu Dandurand, Suzie McLelove, etc.), on trouve sur son disque une nouvelle signature. Celle de Philippe B, guitariste chez Pierre Lapointe mais aussi formidable auteur-compositeur-interprète dont le style folk ne colle pas, a priori, à la pop de Stefie: "Pour la chanson Cent mille raisons d’être mortel, j’avais le refrain, mais j’étais bloqué pour les couplets. Je voulais absolument la faire, j’étais content du riff de guitare. J’ai rencontré Philippe au lancement des Breastfeeders, je l’aime bien, il a un bon sens mélodique, je le trouve habile. Je lui ai envoyé une chanson en mp3 en lui demandant s’il avait des idées. Il m’a renvoyé quelque chose, dont j’ai gardé certains éléments et deux phrases de texte." De ce bricolage résultent une chanson rock digne de Stefie, un refrain accrocheur et quelques thèmes chers à Philippe B (l’espace, la fuite dans le rêve).

Le Shock nouveau est plus rock. Que reste-t-il du Décor sorti en 2003 et qui séduisait immédiatement l’auditeur? Le compositeur avait indéniablement le talent de composer des tubes que l’on écoutait en boucle (Un homme à la mer; L’Amour dans le désert), mais au bout du compte, ce sont les chansons plus douces (les merveilleuses La Jardinière et Les Averses) qui avaient une durée de vie plus longue. Le Décor, oserait-on dire, était trop pop, trop sucré pour ne pas fatalement lasser. Cette fois-ci, avec Les Vendredis, Stefie accroche un son plus rock à ses guitares. Il y va mollo sur le sucre. Les morceaux ne sont plus des succès instantanés, mais de simples bonnes chansons qui n’entrent pas par effraction dans notre tête. Elles prennent leur temps pour s’installer. Voilà le disque le plus mature de Shock, celui qu’on écoute à petites doses, de loin en loin, mais qui s’inscrit plus profondément en nous.

Un geyser, c’est une source jaillissante d’eau chaude, mais c’est également le titre d’une nouvelle chanson de cet album. Un duo avec Suzie McLelove, sur un air de reggae. Ça sautille, ça éclabousse et ça fait du bien. Comme un vendredi éternel.

Stefie Shock
Les Vendredis
(Atlantis)

ooo

STEFIE SHOCK RENCONTRE INDOCHINE

Sur Les Vendredis, Stefie reprend Savoure le rouge, une des chansons les plus sensuelles d’Indochine. Elle lui va parfaitement: "Ça a été un coup de poing quand je l’ai découverte en 1993. Avec un clip complètement pété, hallucinant. C’est surréaliste, je l’ai adoré. Peut-être le plus beau clip que j’ai vu, le plus effrayant aussi. Cette chanson m’a marqué. J’ai toujours aimé Indochine. Leur chanteur Nicola Sirkis est un grand mélodiste, avec une belle voix. Il est le seul à avoir ce timbre. Il ne devait pas y avoir de reprise sur mon nouveau disque, mais à un moment donné, je me suis rappelé Savoure le rouge. Je l’ai entendue dans mon iPod pendant que j’étais au gym, il fallait que je la fasse, que je trouve un angle, que je me serve de mon droit de l’amener ailleurs."

À écouter si vous aimez
Indochine
Étienne Daho
Jean Leloup