Bruce Mather : Piano man
Le compositeur et pianiste Bruce Mather remonte sur la scène de la salle Claude-Champagne où, il y a 40 ans, il participait au concert inaugural de la SMCQ.
La Société de musique contemporaine du Québec donnait son tout premier concert le 15 décembre 1966 à la salle Claude-Champagne. En ouverture de programme: Structures II, de Pierre Boulez, interprétée aux pianos par Paul Helmer et Bruce Mather. Lorsqu’il remontera sur la même scène le 14 décembre prochain pour participer au concert 40e anniversaire de la SMCQ, Bruce Mather, qui est originaire de Toronto, célébrera en fait deux anniversaires: "C’était mon premier concert à Montréal! J’avais monté les Structures de Boulez au printemps 1966 à Toronto avec Paul Helmer (je joue habituellement avec mon épouse, mais à ce moment-là, elle était enceinte!). Les organisateurs de la SMCQ en ont entendu parler et ils nous ont invités. Le plus drôle, c’est qu’en août, j’ai reçu un autre appel qui m’apprenait que j’étais engagé comme professeur à l’Université McGill!" Dorénavant montréalais, et déjà francophile (depuis ses études à Paris avec Milhaud), Mather fut invité à se joindre, avec Gilles Tremblay et Serge Garant (qui en était le directeur musical) au comité des programmes de la SMCQ.
En 1974, un autre événement important allait survenir dans la vie de Bruce Mather: "J’ai eu la chance de rencontrer Ivan Wyschnegradsky, et j’ai été très proche de lui durant les cinq dernières années de sa vie." Le compositeur russe était un pionnier de la musique microtonale et Mather a rapidement eu la piqûre pour cette musique très particulière. "Wyschnegradsky avait vraiment créé un langage musical neuf dont les possibilités expressives m’ont immédiatement accroché. J’ai d’abord présenté des concerts de sa musique, puis, en 1978, j’ai composé ma première pièce en microtons." L’entrevue se déroule chez lui, entre deux pianos "standards" et un piano spécial accordé en seizièmes de tons (il s’agit d’un piano régulier de huit octaves, mais étant accordé en seizièmes de tons, le clavier complet ne couvre… qu’une octave!). Les interprètes de cette musique, comme les instruments pour la jouer, sont rares, aussi Mather donnait-il en mars dernier quatre concerts visant à faire découvrir la musique de Wyschnegradsky au public… moscovite!
Le piano de Bruce Mather voyagera beaucoup dans les prochains jours. Il ira d’abord à la Chapelle historique du Bon-Pasteur le 13 décembre (20h) pour un concert d’oeuvres microtonales pour piano(s) auquel participeront Mather et son épouse, Pierrette Le Page, de même que Dominque Roy et… Paul Helmer! On y entendra, entre autres, des oeuvres de Gilles Tremblay, Wyschnegradsky et Mather (entrée libre!). Le lendemain, Mather déménagera son piano à Claude-Champagne, pour interpréter l’une de ses oeuvres lors du grand concert du 40e anniversaire de la SMCQ. Un programme d’enfer qui permettra d’entendre des oeuvres pour piano de 15 compositeurs d’ici, de Serge Arcuri à Claude Vivier en passant par Denys Bouliane et Serge Garant, et avec des créations de Louis Dufort et André Hamel. Les autres pianistes seront Louise-Andrée Baril, Louise Bessette, Jacques Drouin, Francis Perron, Brigitte Poulin, Richard Raymond, Jacynthe Riverin et David Cronkite (au synthétiseur). Et à minuit, pas de doute, on prendra une goutte à la santé des fondateurs. Une soirée à ne pas manquer! www.smcq.qc.ca
14 décembre
À la Salle Claude-Champagne
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