2006: Année canon
Au cours des deux années précédentes, on a beaucoup écrit, dit et re-dit que la scène et l’industrie montréalaises voire québécoises pétaient le feu, qu’elles abondaient en jeunes pousses prometteuses et fruits mûrs. 2006, une année importante en musique au Québec, a fourni maintes preuves tangibles de ces prédictions et espérances.
Bien que plusieurs grosses pointures de la planète rock/pop aient largué leurs disques attendus ou inattendus – ça va de Beck à Justin Timberlake, en passant par les Strokes, Thom Yorke, Gnarls Barkley, Tom Waits, Charlotte Gainsbourg, les Yeah Yeah Yeahs et Sonic Youth -, c’est surtout d’ici, chez nous, que sont venus l’émerveillement et la surprise. D’abord, l’hiver fut marqué au fer rouge par des parutions d’albums remarquables, ceux de Malajube et de Pierre Lapointe, qui n’ont plus quitté nos lecteurs depuis. La barre était haute, mais les passionnés de musique n’ont pas connu d’heures creuses ni de silences radio en 2006.
De grosses pointures se sont manifestées: les Dumas, Michel Rivard, GrimSkunk, Stefie Shock, Trois Accords, Vulgaires Machins, Vincent Vallières et Jean Leclerc ont frappé fort… à un point tel qu’on commence à se demander de quoi se composera l’année qui vient! Mais ce serait oublier que Daniel Bélanger a reporté la parution de son prochain opus à 2007 et qu’Arcade Fire, occupé au mixage de cette suite tant attendue à l’exceptionnel Funeral, nous reviendra sous peu.
L’éclatante scène indé de Montréal – qu’on a tant célébrée – nous a, elle aussi, apporté son lot de ravissements. Les albums des Patrick Watson, Sainte Catherines, Galaxie 500, Dears, Xavier Caféïne, Navet Confit, Sam Roberts, Stills, Breastfeeders, Islands et Georges Leningrad ont rempli les lecteurs mp3, sans oublier quelques nouveaux venus qu’il faudra garder à l’oeil: Le Husky, Omnikrom, Manu Militari et Numéro, pour n’en nommer que quelques-uns.
Plusieurs de nos artistes sont allés se faire voir ailleurs; Karkwa, Champion (qui proposait cet automne un album de remix), Ghislain Poirier et Plaster se sont rendus en Bretagne pour le Festival des Vieilles Charrues, prouvant du coup que le Québec n’abrite pas que des braillardes. Pierre Lapointe y a également posé l’orteil et rappelons que Malajube – qui est allé se promener en Scandinavie et aux States où il reçoit un accueil très favorable – s’y rendra sous peu. Voir a aussi été témoin de l’accueil enthousiaste réservé à Patrick Watson, Wolf Parade et Islands lors du festival Iceland Airwaves à Reykjavik.
Rappelons que Montréal a fait place à la première édition de l’Osheaga, grand festival de rock décloisonné dans la veine des Lollapalooza et Coachella. En plus de donner une vitrine non négligeable aux MEG Montréal et Pop Montréal, l’Osheaga a fait monter sur ses planches autant d’artistes d’ici que de grands groupes enivrants (Sonic Youth, Flaming Lips et Ben Harper). Longue vie à cet événement.
À part ça, il s’est brassé bien des idées en 2006 et certains organisateurs de grands événements ont eu l’air de se déniaiser, d’enfin s’ouvrir. L’ADISQ, moins "matante" qu’à son habitude, a fait de la place aux jeunes groupes montants qui comptent (Malajube et Karkwa), et un débat intergénérationnel semble toujours s’imposer… Ce qui est un signe de vitalité.
Espérons que 2007 soit tout aussi palpitante!