Des tas d’anniversaires : L’année en morceaux
Des tas d’anniversaires, une démission moche, une arrivée triomphale et un pétard mouillé.
Réjean Beaucage
Grosse année pour les anniversaires, à commencer par le 250e de Mozart, qui a fait de l’ombre à tous les autres (le 125e de Bartók et le 100e de Chostakovitch, célébrés tous deux par quelques concerts, tout de même, comme le 150e du décès de Schumann). Les vivants, eux, n’ont droit qu’à une journée…
C’est ainsi que l’OSM a souligné le 80e anniversaire de François Morel en début d’année en créant une oeuvre qu’il lui avait commandée, Passage à l’aube; plus récemment, c’est l’électroacousticien Francis Dhomont qui était invité à célébrer son 80e anniversaire en diffusant lui-même ses oeuvres au Monument-National durant la série Akousma, organisée par Réseaux (l’organisme fêtait quant à lui ses 15 ans). L’année avait d’ailleurs commencé par un anniversaire: celui du duo de gambistes Les Voix humaines (Margaret Little et Susie Napper), qui ont commencé à explorer ensemble le répertoire baroque il y a 20 ans (Susie Napper soulignait aussi, lors du festival d’été Montréal Baroque, qu’elle dirige, le 350e anniversaire de Marin Marais). Enfin, l’année se termine aussi sur un anniversaire, le 40e de la Société de musique contemporaine du Québec, née le 15 décembre 1966 à la salle Claude-Champagne, et qui y retourne cette année le 14 pour un grand pow-wow pianistique. Enfin, c’est en 2006 qu’on a "parti le compteur" pour les futurs concerts anniversaires du décès d’un très grand compositeur: György Ligeti.
L’année fut aussi celle de la démission-surprise (et décevante) de Bernard Labadie de son poste de directeur artistique à l’Opéra de Montréal. Avec le directeur général David Moss (qui a aussi démissionné), il amenait un vent d’air frais dans la maison, mais la "phynance" n’a pas suivi… L’Opéra se remet, mais ce n’est pas demain la veille qu’on y verra une mise en scène de François Girard… Pour voir une grande mise en scène, c’est au TNM qu’il fallait aller, pour la reprise de Wozzeck, mise en scène par Lorraine Pintal, avec Yannick Nézet-Séguin dirigeant une version réduite de son Orchestre Métropolitain jouant la musique de Berg revisitée par John Rea (récipiendaire en novembre dernier du prix Serge-Garant, décerné par la Fondation Émile-Nelligan, pour l’ensemble de son oeuvre). Et pour un certain renouvellement du genre, c’est vers le quintette Pentaèdre qu’il fallait se tourner: sa participation à l’opéra surréaliste A Chair in Love, de John Metcalf sur un livret de Larry Tremblay, valait vraiment le détour. Jamais à court d’idées, le quintette nous proposera en février un opéra de Mozart en version… instrumentale!
Évidemment, 2006, c’est aussi l’année de l’arrivée officielle (et réjouissante) de Kent Nagano à la tête de l’Orchestre symphonique de Montréal. Arrivée saluée avec tambours et trompettes dans toute la grande convergence radio-canadienne, qui a soufflé le ballon jusqu’au grotesque pour finir par nous présenter (dans son volet télévisuel) une parodie de retransmission du concert d’ouverture de la saison de l’OSM, durant laquelle Beethoven n’était plus seulement sourd, mais aussi muet! Heureusement, on avait les commentaires de DJ Champion…