James Brown : Une audience avec le parrain
Avec des surnoms comme Mr Dynamite, Soul Brother Number One, ou parrain de la Soul, James Brown ne doit pas manquer de confiance en lui. Pourtant, lorsque cette légende vivante a été parmi les premiers à être intronisés au temple de la renommée du Rock’n’Roll en 1986, au même titre que Chuck Berry, Elvis Presley, Fats Domino, Jerry Lee Lewis et Little Richard, il n’en revenait pas: "ça a été un moment très important pour moi, se souvient-il. Je ne pensais pas que j’étais aimé à ce point!"
Né en Caroline du Sud, pendant la grande dépression, Brown a passé une bonne partie de son enfance à travailler dans les champs de coton, à danser pour quelques pennies et à cirer des chaussures avant d’être envoyé au pensionnat correctionnel à 16 ans, condamné pour vol. Ce ne sera d’ailleurs pas la dernière fois que cet homme de 73 ans aura des déboires avec la justice, un sujet qu’il souhaitait éviter lors de l’entrevue.
Brown est toutefois beaucoup plus loquace lorsqu’on lui parle de sa carrière sportive, lui qui a jadis été boxeur et joueur de baseball. "J’adore le baseball", s’exclame l’ex-lanceur lorsqu’on lui parle de son passé d’athlète. "Mon joueur préféré était Jackie Robinson (qui est devenu le premier joueur de baseball professionnel noir avec les Royals de Montréal en 1946)."
Après une blessure à la jambe, Brown s’est vu obligé de se replier sur la musique. Après quelques années de galère, il signe en 1956, Please, Please, Please, son premier hit. On connaît la suite.
Selon les experts du temple de la renommée du Rock n’Roll, "La soul des années soixante, la musique funk des années soixante-dix et le rap des années 80 ont tous pris leurs racines dans l’oeuvre de James Brown."
Au sommet de sa carrière James Brown était un des hommes d’affaires les plus redoutables de tout le showbiz. En 1962, sans l’appui financier des blancs, son album phare Live at the Apollo arrive à la deuxième position du palmarès Billboard et est consacré disque d’or. Il est l’un des rares artistes à avoir plus d’une centaine de hits à son actif. Ses ventes de disques se mirent ensuite à décliner alors que ses hymnes à la gloire des noirs commencèrent à faire peur aux blancs, et que ses prises de position en faveur de Richard Nixon mettaient en péril sa popularité auprès des noirs américains. "Aujourd’hui je m’adresse à tout le monde – les blancs, les noirs, les orientaux, les latinos. On a souvent pensé que je ne m’intéresse qu’aux noirs. Mais ma musique est pour tout le monde."
Si James Brown est le parrain de la soul, il est aussi un peu celui du hip-hop. Il est d’ailleurs l’un des artistes les plus échantillonnés de l’histoire du rap. Il profite de son rôle de patriarche pour donner quelques leçons aux jeunes rappeurs. "Je trouve ces types très excitants. En plus, ils ont du respect pour moi. Mais j’aimerais bien qu’ils nettoient un peu leurs paroles. Il faut sauver ces gamins. Tout ce que j’ai développé lorsque j’étais jeune, une certaine attitude, une démarche, une façon de danser, tout ça revient. Mais les jeunes ne savent plus s’aimer. Les gens s’aiment de moins en moins. Il faut que les rappeurs changent leurs paroles, qu’ils servent d’exemple aux plus jeunes."
Lorsqu’on lui demande s’il pense que Dieu aime la musique du Godfather, Brown éclate de rire: "Il est le producteur. Je ne suis que le réalisateur".
Le 4 janvier à 19h30, avec Parker House et Theory
À la Salle Southam du CNA