Saint-Flemme : L’Homme-orchestre
Saint-Flemme est une contrée imaginaire pour les exilés et les déracinés, …un peu ailleurs, un album sans prétention, oeuvre d’un seul homme – ou presque. Prêts? La visite commence immédiatement.
Ce sont les possibilités offertes par les performances des nouveaux ordinateurs qui ont permis à Michel Bouffard de donner le jour à Saint-Flemme, le village de ses errances musicales, lieu de toutes ses créations. "Il y a trois ans, j’ai commencé à taponner sur l’album. En fait, je ne savais pas que ça allait être un album. C’était un peu à temps perdu. Et de fil en aiguille, ça commençait à donner quelque chose qui se tenait."
Retranché dans son étrange bourgade musicale, il a lui-même créé tous ses paysages – avec une nonchalance avouée qui explique en partie l’intitulé Saint-Flemme. "Je joue un peu de tous les instruments, ça fait que je ne me suis pas trop forcé à aller chercher des musiciens à gauche pis à droite. De temps en temps, j’enregistrais une ligne de base, une ligne de guitare, une ligne de back vocals… Finalement, j’étais rendu avec un album au complet. Il me manquait juste le drum." Celui qui a fait ses premières armes sur la batterie aurait pourtant pu le faire lui-même. "C’est parce que j’en avais pas! C’est aussi simple que ça", admet-il en riant.
Jouant aussi d’une persévérance proche de l’effronterie, Bouffard a poussé l’audace jusqu’à traverser l’Atlantique avec, dans le baluchon, une centaine d’albums qu’il a distribués lui-même dans les radios françaises. "C’est toujours un peu hasardeux parce que tu ne sais pas… Tu vas là les yeux fermés…" Résultat: "10% d’efficacité sympathique".
Même s’il est somme toute agréable de se savoir joué dans Paris, l’homme-orchestre ne se fait pas d’illusions: "On te joue à cause de l’accent, parce que c’est différent… Même s’ils ne comprennent pas tout. Du monde qui fait de la chanson, en France, il y en a un paquet. La compétition est 10 fois plus élevée là-bas", évalue-t-il. "C’est sans prétention. C’était pour voir si ça allait marcher."
En terre d’Amérique, Saint-Flemme profite d’une bonne écoute chez les francophones hors Québec, en particulier au Nouveau-Brunswick et en Ontario, où la réponse, selon l’artiste, a été des plus encourageantes – ce qu’il attribue à une plus grande ouverture d’esprit. "Au Canada, c’est assez simple parce que la communauté francophone est alerte à tout ce qui sort, peu importe d’où ça vient. Même qu’ils sont plus intrigués… Ils vont prendre une chance, même si ce n’est pas connu."
Pour le spectacle qu’il présentera au Café Cambio, Bouffard s’entoure de quelques amis musiciens tous originaires du Saguenay (Jonathan Gagné, Thierry Larouche, Joël Tremblay). Un retour d’exil momentané, question d’arpenter avec nous le monde de son imaginaire.
Pour un aperçu: www.saintflemme.com.
Le 28 décembre
Au Café Cambio
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