Karkwa : L'école du rock
Musique

Karkwa : L’école du rock

Karkwa a bien fait ses devoirs. Sur son bulletin de 2006, de belles étoiles sont collées: le prix Félix-Leclerc de la chanson ainsi que trois trophées au dernier Gala de l’ADISQ (réalisateur, prise de son/mixage et auteur-compositeur de l’année, ex æquo avec Pierre Lapointe) pour son album Les tremblements s’immobilisent.

Taillée dans l’or massif, l’année qui vient de passer a été décisive pour Karkwa, formation rock qui a enfin su se frayer un chemin vers le coeur du public et des radios populaires. "Ça fait huit ou neuf ans qu’on fait ça bénévolement, et on se donne corps et âme. On met notre exclusivité là-dessus pour vraiment être sûrs d’avoir un band. C’est un choix qu’on a fait, mais à un moment donné, ça devient dur à traîner. Si tu n’arrives pas à en vivre, c’est un peu tannant après huit ou neuf ans. On croyait beaucoup en notre disque, donc, on se disait: "On met le paquet; on fait vraiment tout ce qu’on peut!" Et il faut croire que ça a marché! C’est sûr qu’on a travaillé fort, mais il y a aussi un peu de chance là-dedans", amorce le leader Louis-Jean Cormier, à la veille d’un départ en avion pour Sept-Îles, où vit sa famille.

L’ABC DU SUCCÈS

Depuis le lancement des Tremblements s’immobilisent en novembre 2005 sous l’étiquette Audiogram, les pièces du puzzle n’ont cessé de s’emboîter. Il y a d’abord eu le prix Félix-Leclerc cet été. À ce moment précis, Karkwa a vu les yeux de certains journalistes et diffuseurs se tourner vers lui. Puis, quelques mois plus tard, les sceptiques étaient confondus; la formation revenait du Gala de l’ADISQ avec trois trophées sous les bras. "C’est toujours comme ça, petit pas par petit pas…" réfléchit le chanteur et guitariste.

Malgré la récolte opulente des derniers mois, Cormier avoue n’avoir jamais perdu le nord. "Il y avait toujours des trucs qui nous ramenaient sur terre. Des fois, tu peux t’envoler et te dire: "On est bons et le monde nous aime." Quand on a su les nominations pour le Gala de l’ADISQ, c’est la même journée qu’il y avait la tuerie à Dawson College. Donc, tu ne sais pas comment prendre ça; tu es tout mal parce que tu apprends qu’il y a eu une tuerie et cinq minutes après, quelqu’un t’appelle pour te dire que tu as huit nominations. On est aussi des amateurs de hockey. On écoute tout le temps le hockey en tournée. Donc, ça aussi ça nous change les idées." D’ailleurs, les liens sont tissés serré entre les cinq musiciens, soit Stéphane Bergeron (batterie), François Lafontaine (clavier), Martin Lamontagne (basse électrique), Julien Sagot (percussions) et lui-même. "On est contents de s’aimer autant et de ne pas avoir de malaise. Il n’y a jamais de problème. Ça prend un bon moral parce qu’on partage les chambres d’hôtel, on partage le camion. On est pratiquement sur la route un jour sur deux. Il faut donc que la chimie soit bonne autant entre les membres du band que les techniciens."

UN HORAIRE DE FOU!

Lorsqu’on questionne Louis-Jean Cormier sur ses plus beaux souvenirs de 2006, le musicien répond avec empressement l’ADISQ et le voyage en France, où il a participé au Festival des Vieilles Charrues et chanté Red Light avec Brigitte Fontaine. Celle-ci avait collaboré à la pièce sur Les tremblements s’immobilisent. "À la toute fin de la production, on lui avait envoyé une maquette pour savoir si elle était intéressée, se rappelle le musicien. Et elle était super intéressée à chanter. On était allés directement chez elle à Paris, deux ou trois personnes de l’équipe; elle a un petit studio maison. C’était un peu la conclusion de notre production. Après ça, on savait qu’on était prêts à entrer en mixage. On était soulagés, mais en même temps, c’était super énervant parce que Brigitte Fontaine, c’est tout un personnage. Moi, j’étais bien angoissé. Je me disais que si on arrivait là trop téteux, elle était pour nous virer de bord. Parce qu’elle "rocke" au fond… Finalement, on s’est soûlés la veille; on est arrivés avec une gueule de bois et elle nous adorés!"

Le leader de Karkwa devrait renouveler ce plaisir de vivre au rythme de l’Hexagone puisque, en plus d’une importante tournée québécoise et de quelques prestations en terre anglophone (Winnipeg, Toronto, Texas), deux séjours en Europe sont prévus dans un avenir rapproché. 2007 risque-t-elle d’être éreintante? "On ne veut pas brûler la chandelle par les deux bouts. On veut se réserver du temps pour passer du temps dans le local de répétition à préparer un nouveau disque. Notre horaire de 2007 est pas mal bien monté. Ça va être pas mal plaisant!" précise Louis-Jean Cormier.

PROCHAIN DEVOIR

Le prochain album de Karkwa devrait voir le jour au printemps 2008. Pour le moment, le groupe a décidé de ne rien précipiter. "On l’a déjà avancé beaucoup, mais on prend notre temps. C’est rare qu’on ait eu autant de créations de faites. On a vraiment beaucoup, beaucoup de nouvelles chansons. C’est presque angoissant: tu en as trop et tu ne veux pas te perdre; tu veux choisir les meilleures, mais tu les aimes toutes; tu veux toutes les faire en show, mais tu ne peux pas; en même temps, il faut que tu défendes l’album que tu es en train de promouvoir… C’est un éternel combat! (rires) Mais on est super contents et ça se ressent dans la musique et dans la création", conclut Cormier.

Le 20 janvier à 20h
À la salle Philippe-Filion