Reset : De retour après la pause
Reset, l’ancien groupe punk de trois gars de Simple Plan, est toujours resté la passion du guitariste et chanteur Philippe Jolicoeur. Offensive pour relancer la formation.
Confortablement assis dans son grand appartement du Plateau Mont-Royal, Philippe Jolicoeur semble heureux comme un roi. Il vient tout juste d’apprendre que les ventes de la compilation des deux premiers albums de son band, Reset, ont rapporté assez d’argent pour financer la production d’un nouvel opus. Une excellente nouvelle, considérant que Reset a encaissé sa part de coups durs ces dernières années.
Philippe Jolicoeur (guitare), Pierre Bouvier (voix), Charles-André Comeau (batterie) et Jean-Sébastien Boileau (basse) se sont d’abord rencontrés à l’école secondaire. Au départ, leur groupe se nomme Roach, mais une formation canadienne éponyme leur demande bien rapidement de changer leur appellation.
Sous le nom de Reset, les gars lancent un premier démo en 95, qui s’écoulera à 5000 exemplaires. Ce succès les propulse rapidement vers les hautes sphères punk-rock québécoises et canadiennes. Trois ans plus tard, ils lancent leur premier album, No Worries, une véritable collection d’hymnes punk californiens rapides et harmonieux. Quelque temps plus tard, le batteur Chuck Comeau est remplacé par un gars de Vancouver, Adrian White. "Chuck voulait que Reset devienne plus commercial. Moi, je sentais que Reset était plutôt comme Pennywise ou NOFX: il fallait garder nos racines propres et rester fidèles à nos premiers fans", raconte Philippe Jolicoeur.
Malgré cette volonté, le band prend un virage un peu plus accessible avec No Limits, lancé en 1999. Une tuile s’abat toutefois sur le groupe cette même année, lorsque le chanteur Pierre Bouvier quitte pour rejoindre Chuck. Son remplaçant, David Desrosiers, sera lui aussi repêché six mois plus tard par Pierre et Chuck pour être bassiste dans leur nouveau projet, un certain groupe baptisé Simple Plan. Philippe Jolicoeur se souvient de ce départ comme d’un obstacle à l’ascension de son groupe. "Il a fallu annuler plusieurs shows à cause du départ de David. Ça m’a fait mal au coeur!"
Lorsque Simple Plan commence à obtenir un succès important à l’international en 2001, Phil n’a pas le coeur aux réjouissances. "J’ai traversé une période où je me sentais un peu trahi de tous les côtés. Mais avec le temps, j’ai appris à prendre les choses comme elles sont. Aujourd’hui, je suis super content pour eux. Je crois que tout ce qui ne tue pas rend plus fort, alors plutôt que de m’apitoyer, j’ai retroussé mes manches et j’ai travaillé encore davantage."
Et il n’a pas chômé. En 2004, il consacre plus de 5000 heures à l’écriture et à l’enregistrement des chansons du troisième album de Reset, Radioactive. "J’ai fait l’album moi-même du début à la fin dans mon studio de Laval", précise-t-il avec une pointe de fierté dans la voix.
S’il ne tient pas rancune à ses anciens collègues, on ne le surprendra jamais en train de siffloter un de leurs airs pop. "Pour être très franc, je n’aime pas la musique de Simple Plan. Leur musique n’est pas de l’art, elle est créée pour être vendue. Pourtant, Pierre avait quelque chose d’important à dire quand il était avec Reset. Il écrivait pour des causes qui nous tenaient à coeur, sur des sujets d’actualité chauds et importants. Ce n’est plus le cas." Le guitariste souligne toutefois qu’il reste en bonnes relations avec eux et qu’il les rencontre encore à l’occasion.
UNE COMPIL AVEC ÇA?
Le lancement d’une compilation des deux premiers albums de Reset, tous deux discontinués, a longtemps été une sorte de légende urbaine dans le circuit punk-rock québécois. Les fans du groupe ont d’ailleurs préparé une pétition de 500 signatures pour demander que les deux opus soient réédités. Cette rumeur s’est finalement concrétisée cet hiver, après trois ans de démarches fastidieuses pour régler les questions de droits d’auteur. Le disque fraîchement gravé n’a pas amassé la poussière bien longtemps sur les tablettes des disquaires: 10 000 copies ont été vendues en moins de temps qu’il n’en faut pour composer une ballade pop à la guitare acoustique.
Sautant sur l’occasion, Reset a rapidement planifié un gros spectacle au Club Soda pour le lancement officiel, suivi d’une petite virée en région.
"L’argent de la compilation va nous permettre d’enregistrer notre nouvel album, No Intensity, prévu pour l’été prochain. Il s’agit pour nous d’un véritable retour aux sources. Comme au temps de No Worries, les pièces auront un tempo rapide, les guitares seront agressives et très techniques, et les voix resteront très harmonieuses. J’ai dix ans d’expérience dans le corps et j’ai voulu que ça paraisse sur l’album." La fougue de Philippe Jolicoeur lorsqu’il parle de sa passion ne laisse place à aucun doute: Reset est bel et bien de retour sur les rails.
UNE HISTOIRE D’AUTOCOLLANT
La compilation des deux premiers albums de Reset, lancée cet hiver, a bien failli ne jamais voir le jour. L’étiquette Union 2112, qui possède les droits sur les chansons, voulait lancer le disque uniquement si un autocollant avec le nom de Simple Plan était visible sur la pochette. "Simple Plan a tout d’abord refusé et je ne voulais pas nécessairement être associé à leur musique", se remémore Philippe Jolicoeur. Un compromis a finalement été accepté par tout le monde après de longues discussions. "Il y a un autocollant qui indique que cet album est de "Reset, ancienne formation de Chuck, Pierre et David de Simple Plan". L’important, au fond, c’est que les fans aient enfin accès à ces chansons. C’est une musique à laquelle je crois profondément et il n’y a rien de plus important que ça… pas même un autocollant!"
Avec Psychotic 4 et Jaded, le 13 janvier
Au Club Soda
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