SemiBruce : Semi Sérieux
SemiBruce n’aime pas se compliquer la vie pour rien. Après avoir fait paraître, le printemps dernier, un sympathique premier album, il s’apprête maintenant à brûler les planches.
Loin des sentiers du gangsta rap ou du hip-hop politisé, Pleurer avec le sourire, le premier album solo du Montréalais Charles Rivard, alias SemiBruce, a causé quelques vagues dans la mer agitée du hip-hop québécois lors de sa sortie en mars dernier. Contenant une forte dose de douce folie, un soupçon de sarcasme et une pincée d’humour, les textes de Rivard se démarquent par leur simplicité et leur accessibilité. "Je ne suis pas très engagé et je n’ai aucune envie de faire la révolution ou de m’associer à des causes politiques ou sociales. Je ne veux pas changer le monde avec des chansons, mais en créer pour que les gens se sentent bien, parler des petites choses de la vie, des choses simples, pour rejoindre le peuple", raconte le jeune homme de 26 ans.
Et le peuple, il est omniprésent sur ce premier opus. Dans une pièce comme Les Promenades Ontario, Rivard parle de gens pauvres qui n’ont pas la vie facile, sans pour autant tomber dans le piège du mélodramatique. "J’ai ce don d’aborder des sujets sérieux avec un sourire en coin. Dans la vie de tous les jours, quand ça va mal, j’ai tendance à garder mes problèmes pour moi tout en conservant la bonne humeur. Dans mes chansons, même si je traite parfois de sujets, de prime abord, pas nécessairement drôles, ça le devient éventuellement. Je tourne ça en dérision, j’invente des personnages colorés. Bref, je dédramatise le tout", explique-t-il.
Alors, chansonnier, rappeur ou poète du quotidien, ce SemiBruce? "Je suis assez difficile à classer! J’aimerais me considérer comme un poète. Je suis resté assez longtemps sur les bancs d’école, ce qui, dans le milieu hip-hop, est plutôt rare. Mon but premier demeure de rassembler le plus de gens possible dans une langue bien québécoise. Si j’entends une chanson et que le sujet me plaît, je vais tenter de l’adapter à ma sauce. Chose certaine, lorsque l’album est paru, beaucoup de gens m’ont qualifié de chansonnier hip-hop, mais ce disque, je considère vraiment que c’est du rap-folk", précise-t-il, enthousiasmé.
Fondateur et co-propriétaire de Bootleg Records depuis 2001 (maison de la trilogie des mixtapes Chroniques Bootleg) et membre du collectif 2e Monde, l’inconditionnel des Killers (les rockeurs) semble préconiser le métissage sonore et fait preuve d’une ouverture musicale rafraîchissante. Il raconte: "J’écoute beaucoup de musique mais, étonnamment, relativement peu de hip-hop à part des trucs comme Outkast. Il est évident que je préfère un groupe qui ose explorer plusieurs styles à un autre qui répète inlassablement les même idées, ce qui est chose commune de nos jours. Au Québec, on a développé une approche différente du hip-hop que je trouve particulièrement intéressante. On se donne la peine de produire des chansons et non plus d’aligner trois couplets et un refrain."
Misant sur une avalanche de guitares (acoustiques et électriques), SemiBruce met de l’avant de puissants refrains chantés, souvent terriblement accrocheurs (Le Nombril de mon monde, Les jours passent) dans un ensemble personnel, peaufiné et sans prétention. "Il ne faut pas se le cacher, les refrains, c’est le coeur même d’une chanson, ce dont les gens se souviennent après avoir parcouru un disque. Je trouve que les puristes hip-hop ont un problème majeur: les refrains ressemblent aux couplets. Je voulais faire différent, et puis, c’est ce que j’aime, les petits bouts accrocheurs! Cependant, le prochain album promet d’être différent et plus électronique, même si je ne perdrai pas ma signature." Léger… comme des bulles de savon!
Le 4 janvier 2007
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