Les Abdigradationnistes : Le Grand Rire jaune
Un boys band clinquant surjouant la gloire en se jouant d’une poésie crue. Quoi de mieux pour souligner la Fête de l’art? Les Abdigradationnistes viennent nous prouver qu’on peut aussi voir la vie en jaune…
"Ça va être une jaunisse généralisée", lance Pascal-Angelo Fioramore, auteur et chanteur des Abdigradationnistes, qui sera accompagné par Pascal Desjardins (clavier) et Warner Alexander Roche (violon électrique). C’est presque du sérieux. En fait, difficile avec ce groupe de savoir ce qui est sérieux et ce qui ne l’est pas. Écrire un article sur cette étrange formation, c’est tout simplement se buter aux limites du langage.
Ils ne sont pas humoristes, et pourtant, on ne peut s’empêcher de les trouver drôles. On ne peut pas vraiment les présenter comme de simples poètes – il y a quelque chose en plus… et pourtant, Fioramore dit de chaque morceau qu’il est plus un texte qu’une chanson. Leur performance n’est pas véritablement une performance musicale non plus, puisque le groupe préfère patauger hors des règles de l’art. "C’est sûr qu’en faisant les albums, on en vient à vouloir pousser plus loin le côté musical, mais le but des Abdis, c’est un positionnement un peu étrange. C’est de faire de la recherche, pas d’avoir une structure musicale comme la majorité des groupes au Québec." Et pourtant, ce serait une erreur de ne pas prendre le groupe au sérieux. Il y a une véritable démarche artistique derrière le phénomène, de la création pure et envisagée comme telle. "Le but, c’est que les albums soient des tournants, des prises de positions esthétiques différentes."
Alimentant un esprit d’expérimentation performative semblable à la démarche du duo Geneviève et Matthieu, qui avait aussi participé à la Fête de l’art au Lobe, en janvier 2005, ils refusent simplement de s’imposer le moule d’un spectacle qui serait immuable, comme le font actuellement plusieurs groupes calquant chaque show sur le précédent. "Ça ne me tente pas de faire ça. J’ai le goût d’avoir du fun pis d’explorer des affaires. J’ai pas envie de faire cinquante fois le même show."
Difficile de savoir à quoi s’attendre avec les Abdis. Alors à quoi ne faut-il pas s’attendre? "Il ne faut pas s’attendre qu’on refasse les grands succès de Dick Rivers", lance du tac au tac Fioramore. Pas de projections ni de jeux de lumières, non plus: "Tu sais, mettre du visuel pour du visuel… On est bombardés d’images…" Mais tout de même quelques effets spéciaux: "Au Lobe, on va avoir des feux de Bengale, des confettis…"
En fait, les Abdis fonctionnent à l’inverse du processus de création tel qu’il est perçu dans l’univers de la pop. Pas question, donc, de produire un album en studio qu’on colporte ensuite de salle en salle. Plutôt une expérimentation en direct qui aura une incidence sur le prochain album. "On a tout le temps essayé de faire du rodage sur scène. C’est ça le but des Abdis. J’aime bien le côté chambranlant, l’improvisation…On retourne à nos sources. On s’est toujours comparés à un navire qui est en train de couler. On le sait, mais tout le monde reste sur le bateau!"
SE PRÉPARER À L’ÉVÉNEMENT
Trois chansons entières sont disponibles sur le site de La Tribu. Un concert qui a eu lieu dans le cadre des FrancoFolies de Montréal en 2005 peut aussi être visionné sur http://www.bandeapart.fm ou par la voie du "fabuleux" site Internet du groupe, le http://www.abdigradationnistes.com. On peut aussi se répéter comme un mantra le mot de la fin de Fioramore: "Tout pour le show-business." Et bien sûr, assister au prélude des Patates impossibles, et se préparer à voir la vie en jaune…
Le 13 janvier
Au Lobe
Dans le cadre de la Fête de l’art
À voir/écouter si vous aimez
Geneviève et Matthieu
Les Georges Leningrad