Ligue d'improvisation musicale du Saguenay : Conseil d'arbitrage
Musique

Ligue d’improvisation musicale du Saguenay : Conseil d’arbitrage

S’il est un organisme qui n’a pas pris longtemps avant de s’implanter solidement dans les habitudes culturelles de la région, c’est sans aucun doute la Ligue d’improvisation musicale. Rencontre avec celui qui joue à l’arbitre, Guillaume Ouellet.

À la fois émissaire et bouc-émissaire de la Ligue d’improvisation musicale du Saguenay (LIMS), celui qui peut se vanter d’être le seul "arbitre pour compétition à orientation culturelle" de la région, Guillaume Ouellet – il faut prononcer MONSIEUR Guillaume Ouellè lorsqu’il revêt les zébrures caractéristiques de son personnage -, parle avec passion du succès de la ligue.

De l’aveu de Ouellet, Sébastien Maltais, fort de son expérience de la première année d’existence de la LIMS, a porté une attention particulière à la création des équipes – réunissant chacune cinq membres cette année -, en tenant compte des aptitudes des musiciens et de leurs instruments de prédilection.

L’épreuve est très exigeante pour les musiciens, qui n’ont pas tous la même expérience de la scène. Il n’est pas donné à tout le monde de savoir improviser à l’aide d’un instrument, de respecter l’équilibre précaire qui existe entre tous les membres d’une même équipe, ni même de bien gérer le rapport qu’il faut entretenir avec un public. "Si t’as le temps de penser, t’as raté ton coup, explique l’officiel. Si t’as hésité à foncer ou à reculer, tu as vraiment manqué ton coup. C’est là que les bons joueurs ressortent." Rappelons que l’année dernière, c’est l’équipe de Pascal Beaulieu qui a réussi à s’attirer la sympathie du public en finale.

Interrogé quant aux possibilités de Beaulieu et de son équipe actuelle de remporter encore la palme cette année, Ouellet émet un doute. "Il se fait un personnage en spectacle. Et mon personnage le déteste. C’est comme ça parce que, premièrement, il ne me vouvoie pas. Et il y a plein de choses qu’il ne fait pas. Je le ramène toujours à l’ordre…" Qu’il se le tienne pour dit, Beaulieu n’a pas l’arbitre dans sa poche…

LA PRESTANCE D’UN PAPE

En aucun cas l’officiel ne se laisse marcher sur les pieds par les musiciens. "On m’a choisi pour mon bon goût, et pour ma capacité à prendre des décisions importantes." Sa sentence est inatteignable, parce que même si ce n’est qu’un jeu, tout le concept de l’improvisation musicale repose sur les décisions qu’il prend. "Je n’ai pas le droit de montrer une faiblesse. Je suis comme le pape. Il faut que je sois parfait." Autrement, son autorité serait minée, et l’impro ne serait plus qu’un spectacle ordinaire, comme il s’en trouve souvent. Il est donc sans compromis. C’est à lui qu’il revient de trancher, fréquemment, de départager le bon vin de la lie. Et s’il semble parfois avoir le massicot un peu épaté, ça fait partie du spectacle…

Donc, pas question pour lui de justifier ses décisions. Il est là pour donner un show. Alors il le fait. Lorsque le capitaine d’une équipe s’avance pour obtenir des éclaircissements à propos d’une pénalité – ce qui arrive à tout coup, l’organisation l’exigeant -, l’arbitre fait un power trip en bonne et due forme, se contentant d’humilier le chef d’équipe, comme s’il se vengeait sur lui des sévices subis de la part des spectateurs et de l’équipe d’animation. Parce que, vous l’aurez deviné, s’il n’accepte aucun écart de la part des participants, il tolère même l’intolérable de la part du public et surtout, des animateurs, Joël Martel et Jonathan Skeene-Parent. Il semble bien que ça faisait partie du contrat. "Des fois, les gens m’applaudissent. Alors là, moi, je ne comprends plus. "Pourquoi vous m’applaudissez? Je suis supposé être hué!" Mais j’ai développé un contact "sympathique" avec le public."

La relation humour-haine qui met le feu aux poudres entre Martel et Ouellet, au grand plaisir des spectateurs qui en redemandent, résulte d’une complicité qui date du début de leur adolescence. "La joke, je la sais avant même qu’il la dise. On rit des mêmes affaires", explique Ouellet. Ce qui n’est pas sans nuire à sa concentration. "Mais quand je décroche, les gens se rendent compte que je suis humain… Alors je peux jouer avec le décrochage. Des fois, je fais même semblant de décrocher." Retors, direz-vous? Il le faut, pour être arbitre dans la LIMS.

DES RÉSULTATS

Au-delà du simple spectacle, il y a tous les effets bénéfiques de l’organisation. Pour Ouellet, la LIMS est devenue un véritable catalogue vivant pour musiciens. Certains groupes se seraient même créés, forts de la chimie qui s’est opérée lors des précédentes compétitions musicales. "Sébastien Maltais – je lui donne beaucoup de mérite, mais c’est parce qu’il le mérite vraiment – a réussi, à partir de rien, à créer un véritable réseau… Il a pris des musiciens, il les a mis ensemble, et regarde ce que ça donne! On se connaît tous maintenant." Et c’est sans compter le volet économique: chaque collaborateur profite d’une certaine rémunération, sobre peut-être, mais prouvant le respect accordé au travail de chacun.

Prochains rendez-vous:
15 janvier: Barolo/Voie maltée VS L’Envol/International Café
12 février: Cambio/Bistro de l’Anse VS Transit/Chez le Diable
12 mars: Demi-finale
9 avril: Finale
Au Côté-Cour