Luc De Larochellière : Quand on aime, on a toujours…
Luc De Larochellière a célébré ses 20 ans de carrière en lançant à l’automne un album de ses meilleures chansons interprétées en duo. Mais la fête continue; le musicien présente ses "best of" à Trois-Rivières.
"C’est comme si j’avais eu la consécration en partant et que j’avais dû faire mes preuves après; mais on a cette tendance, ici, on se cherche des héros", analyse Luc De Larochellière pour circonscrire en une phrase les 20 ans de carrière qu’il célèbre sur disque et en spectacle (tournée "best of Luc De Larochellière").
Vingt ans de carrière quelque peu en périphérie de la musique populaire, c’est un bel accomplissement pour ce fils de la chanteuse lyrique professionnelle Thérèse Guérard, que rien ne destinait à la scène: "Moi, je suis bègue; ainsi, la dernière chose que je me voyais faire, c’était de monter sur une scène! Mais, ô miracle! quand je chante, je ne bégaie pas. Je me suis donc mis à chanter mes textes parce que c’était le seul moyen que j’avais, jusqu’au début de la vingtaine, de m’exprimer de façon fluide." Ses amis, qui l’entendent chanter à la cafétéria du cégep, le convainquent pourtant de participer au Festival de la chanson de Granby, où il remporte trois premiers prix à sa deuxième participation. "Ç’a été le vrai démarrage pour moi. Mon premier album est sorti à l’automne 1989. Grâce au quatrième extrait, La route est longue, Amère America a été certifié disque d’or."
Avec Leloup, De Larochellière constitue la seule relève en ce tournant de décennie. L’énorme succès de Sauvez mon âme, son deuxième opus, lui permet de donner beaucoup de spectacles, de vendre beaucoup d’albums et de faire le Top 50 en France avec Cash City. "Ç’a été la grosse folie pendant quelques années. J’étais partout. Le côté marketing de la patente aurait voulu que je fasse "la suite de"." Mais l’auteur-compositeur-interprète sort Los Angeles, un album plus rock, plus sombre, plus dérangeant pour une société encore marquée par les années 80: "Los Angeles a déboussolé les gens. Il y avait un prix à payer pour cette audace: depuis ce jour-là, j’ai cessé d’être une vedette pop. Après Los Angeles – et je le regrette aujourd’hui -, j’ai sorti un album un peu schizophrénique, Les Nouveaux Héros. Je voulais le meilleur des deux mondes, créer une rencontre Los Angeles et Sauvez mon âme. J’étais un peu à côté de mes pompes pour ce disque-là."
Cet album marque pourtant un tournant dans la carrière de Luc De Larochellière: il change de gérant, délaisse ses parts dans Zéro Musique, une étiquette qu’il avait fondée avec François Pérusse, et il devient papa; ses priorités changent: "Ayant vécu les grosses ventes et le succès, j’avais fini par calculer ma valeur selon ma rentabilité comme artiste. Je suis revenu aux vraies raisons de faire ce métier-là: écrire des chansons, avoir du plaisir à les jouer. Je me suis donc trouvé un nouveau gérant, un producteur, et je me suis enfin concentré sur ma musique. Je n’ai désormais plus de gros flashs dans les palmarès, mais je vis plein d’expériences. J’ai fait de la mise en scène et de la direction artistique, je travaille avec d’autres artistes, je fais mes jams au Verre Bouteille. Mon credo: aie du plaisir, maintenant."
Avec Voix croisées, De Larochellière s’offre ce qu’il qualifie lui-même de plus beau moment de sa carrière. "Rivard et Cabrel, j’ai appris à jouer de la guitare et à chanter sur leurs tounes; alors imagine quand je les voyais chanter les miennes! Jamais de ma vie je n’aurais pensé qu’un jour, Gilles Vigneault, un demi-dieu dans ma famille, chanterait ma chanson avec moi!"
De Larochellière a donné carte blanche aux artistes. "Ces chansons sont dédouanées pour moi depuis des années, j’en ai fait 1001 versions. Je suis tombé sur le cul plusieurs fois en entendant leurs interprétations. Sauvez mon âme, au début, je ne voulais même pas la donner; Florent Vollant l’a fait passer du mode majeur au mode mineur et ça marche au boutte! On voit vraiment le missionnaire qui rentre dans le village amérindien au début de la colonisation, mais vu de l’Indien!"
Le 26 janvier à 20h
À la salle Anaïs-Allard-Rousseau