Camaromance : L'autre voie
Musique

Camaromance : L’autre voie

Camaromance lançait en novembre un album qui révèle tout le chemin parcouru depuis les débuts. Rencontre avec Martine Groulx, directrice de la SOPREF et de Local Distribution, dont c’est aussi le projet.

On connaît mieux Camaromance qu’on le croit, puisqu’il s’agit du projet de Martine Groulx, directrice générale de la SOPREF (Société pour la promotion de la relève musicale de l’espace francophone) et de Local Distribution. Different Paths, second effort depuis un premier opus lancé en 2004, témoigne de tout le chemin parcouru et des multiples changements survenus au sein de ce qui fut d’abord un duo.

"Au départ, je travaillais avec Gabriel Rousseau, du groupe Mia Verko, dont j’ai produit l’album. J’avais un petit studio sur la Plaza Saint-Hubert où l’ONF enregistrait ses trames sonores et où quelques groupes venaient de temps en temps (Patrick Watson y a enregistré son premier album). Entre les séances d’enregistrement, Gabriel et moi, on s’est mis à travailler sur mes chansons et on s’est retrouvés en bout de ligne avec assez de stock pour faire un disque, lancé de façon indépendante en 2004. Pour lui, c’était un projet parallèle. Il est retourné à ses affaires et on a décidé à l’amiable que je conserverais le nom du groupe."

Forcément, le son Camaromance s’est transformé. "J’ai tout ramené chez moi et j’ai appris à jouer de certains instruments, j’ai développé mes chansons, je suis allée encore plus loin et j’ai complété moi-même la pré-production." Résultat: des chansons plus personnelles, articulées autour des sentiments de perte et de douleur, sur des airs que l’on apprivoise au fil des écoutes. Car il faut mettre le temps, consacrer plusieurs écoutes aux ballades à fleur de peau de Martine Groulx, qui finissent par envelopper dans une petite bulle de mélancolie jamais écrasante. Des chansons difficiles à catégoriser, construites sur une base folk, parfois dépouillées (Eulogy, Béatrice), ailleurs plus habillées (Sorry Baby, Mostly Harmless). On pense à Cat Power et à Neko Case, mais avec beaucoup plus d’innocence dans la voix, plus de légèreté et des arrangements en flottement qui font décoller. Martine Groulx avoue son intérêt pour Rilo Kiley et on peut voir quelques liens avec cette formation américaine qui évolue dans l’indie pop. Rappelons que c’est Patrick Watson, très impliqué sur l’album, qui en a assuré la réalisation.

Épaulée par les musiciens de ce dernier (Mishka Stein et Robbie Kuster) et par des membres de Pawa Up First, une excellente formation montréalaise issue de la lignée post-rock, la demoiselle a démontré qu’elle savait s’entourer. "Pour être le plus fidèle possible à ce que j’avais en tête et ne pas s’embarquer dans mille et une avenues, on a enregistré les instruments en trois jours au Studio Breakglass. Ensuite, durant trois semaines, j’ai planché sur les voix avec Pat. La première journée, il m’a fait travailler sur une chanson pendant sept heures! En fait, il voulait avoir une idée claire de ce que je pouvais faire avec ma voix. Je lui ai expliqué le sens profond des textes et l’esprit du disque. Il est très à l’écoute et en même temps, il sait où il s’en va."

Voilà comment cette fille enthousiaste, boulimique de musique, qui connaissait toutes les étapes entourant la parution d’un album – mis à part le processus de création – s’est finalement retrouvée assise sur la chaise musicale pour nous révéler une sensibilité fine et quelques écorchures. Tendez l’oreille.

Le 23 janvier
Au Divan Orange
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À voir/écouter si vous aimez
Neko Case
Cat Power
Rilo Kiley