Joel Plaskett : Lentement mais sûrement
Joel Plaskett n’a que trente ans et des poussières, mais il y a pourtant déjà belle lurette qu’il roule sa bosse. Il se pointera à Montréal dans le cadre d’une mini-tournée de trois spectacles solo.
Au milieu des années 90, la scène musicale de la côte est canadienne, et plus particulièrement celle de Halifax, a connu une période de grande effervescence avec l’émergence de groupes qui déployaient une énergie rock brute et directe tout en ayant un puissant impact mélodique tels que Sloan, Eric’s Trip et Super Friendz. À leurs côtés, les Thrush Hermit connaissaient aussi leur heure de gloire et Joel Plaskett en était le (très) jeune leader. Après la dissolution de la formation en 1999, pas question pour celui-ci de ranger la guitare; il fit paraître trois albums solo et un quatrième, qu’il nous promet plus autobiographique et plus varié sur le plan musical, est prévu ce printemps. En cavalier seul, son répertoire s’avère plus folk-rock et plus introspectif (la guitare acoustique a tout autant sa place que les guitares électriques), avec des influences pop-rock des années 60 et 70.
"La scène de Halifax est toujours aussi exceptionnelle", tient à préciser celui qui réside encore non loin de là, soit dans la petite ville de Dartmouth. "Les groupes d’ici ont davantage d’aspirations artistiques que d’aspirations commerciales. Et la compétition n’existe presque pas: les artistes font preuve d’un bel esprit de partage et d’entraide".
S’il ressent aujourd’hui un léger pincement au coeur en songeant à cette époque où le buzz médiatique s’est créé autour des groupes de cette ville des Maritimes (un peu comme Montréal l’a vécu il y a deux ans), ce n’est donc pas que le potentiel musical s’est appauvri: "L’engouement de l’extérieur est peut-être disparu, mais de mon point de vue, rien n’a vraiment changé. Si je suis nostalgique de ces années-là, c’est qu’il s’agit de celles de ma jeunesse… et ne sommes-nous pas tous un peu nostalgiques de l’insouciance de notre adolescence?"
Ayant grandi dans une famille où la musique était omniprésente (sa soeur et son père sont également musiciens, alors que sa mère est danseuse), Plaskett se figure bien mal oeuvrer dans un autre domaine. Aller à la rencontre de son public relève d’un besoin viscéral: "Ça me terrorise de m’imaginer ce que je deviendrais si j’arrêtais de faire des tournées! J’adore être sur la route et, surtout, je ne suis pas ce genre d’artiste qui fait beaucoup d’argent grâce à des hits qui passent à la radio, alors le seul moyen de vivre de mon art est de faire des tournées."
D’être encore méconnu de plusieurs, malgré de nombreuses nominations aux Prix Juno, l’auteur-compositeur et chanteur ne s’en alarme guère et considère plutôt cela comme un excitant défi: "De voir chaque année de nouvelles personnes découvrir et aimer mon travail, c’est la meilleure stimulation qui soit! Je connais une belle ascension, quoique très longue et très lente."
À propos du spectacle qu’il donnera ici dans quelques jours, il ne faudra pas s’attendre à découvrir toutes les pièces de son nouvel album: "cette petite escapade hivernale me permettra entre autres de visiter Montréal… que je trouve très romantique en janvier! Je reviendrai à la fin du printemps ou au début de l’été pour vous présenter mon nouveau répertoire." La promesse est lancée.
Avec Mike O’Brien, le 20 janvier
À la Sala Rossa
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