Kaïn : K.-O.
Musique

Kaïn : K.-O.

Kaïn va de succès en succès. Malgré une critique difficile à convaincre, avec laquelle la formation a eu maille à partir, le quatuor gravit résolument les échelons sans attendre qu’on lui tende la main.

À l’heure actuelle, le second album de Kaïn flirte encore avec le sommet du palmarès des ventes alors que 150 000 exemplaires auraient été distribués. Et 10 000 exemplaires du DVD On dormira demain, lancé le 21 novembre, auraient jusqu’ici trouvé preneurs. La formation drummondvilloise ayant été consacrée groupe de l’année par l’ADISQ (aussi sélectionnée dans quatre autres catégories), son succès populaire devient incontournable: des fans se ruent littéralement dans les salles de spectacle qui jalonnent son parcours… On annonce des supplémentaires pour son spectacle dans différentes salles partout au Québec, dont le Spectrum. Le succès de Kaïn, qui a conquis le coeur des régions avant de se présenter à la face de la métropole, est un uppercut droit dans les dents des quelques urbains branchés qui, selon Steve Veilleux (chanteur, guitariste et auteur-compositeur), lèvent facilement le nez sur les artistes originaires des régions… Kaïn vainqueur par K.-O.

Après avoir vu "s’affaisser le mur des critiques", comme l’exprime Veilleux, qui défend bec et ongles son droit d’être authentique plutôt que de se plier aux exigences de la critique médiatique, la confiance est à son paroxysme. De quoi les membres de Kaïn peuvent-ils encore rêver? "La chose qu’on souhaite le plus, évidemment, c’est de rester. Enregistrer un album, c’est devenu très accessible. Ce qui est difficile, maintenant, c’est de jouer, c’est de rester dans le paysage musical. Ce qu’on souhaite, c’est d’être là, de rester. Les quatre, on s’entend super bien. Évidemment, avec tout ce qui arrive, ça ne peut pas mal aller", précise-t-il avec lucidité.

Pour l’instant, tout irait si bien que l’on envisagerait même de faire la préproduction d’un troisième album pendant la saison estivale, cultivant l’espoir d’un lancement à l’automne, malgré tous les spectacles encore prévus. "Justement, on en parle, en ce moment. Le bouton s’est remis à on pour écrire des nouvelles chansons." En tout, Veilleux en aurait déjà composé une dizaine, voulant éviter à tout prix l’écriture sous pression, refusant de simplement produire des chansons sur commande lorsque sonne l’heure de l’album suivant. Parmi celles qui se retrouveront sur l’album, nous pouvons de toute évidence compter la chanson L’Homme-grenouille, dont la formation a fait cadeau à ses fans, en primeur sur son récent DVD – dont certaines séquences, soit dit en passant, ont été tournées lors de son passage à Alma pour la soirée inaugurale du Festirame 2006.

Parmi les différences que devrait présenter le prochain album, le parolier souligne qu’il sera certainement influencé par l’expérience de la scène: "Mon background musical tourne beaucoup autour du grunge. Le côté spectacle du band est aussi beaucoup plus tourné vers ça. C’est une facette que les gens ne connaissent pas", ce qu’il attribue au fait que les extraits diffusés dans les radios sont plutôt pop et folk-acoustique. "Sur scène, on est très, très rock. Alors on s’en va vers ça naturellement." Par contre, pas question d’un virage à 180 degrés: "L’évolution se fait naturellement, elle est là, on la sent, et, effectivement, ça s’en va vers ce que la scène apporte. On a tellement fait de shows ensemble durant les deux dernières années que la chimie musicale entre nous quatre s’est éveillée. C’est là qu’on a pris forme une fois pour toutes. Alors sûrement que notre troisième album va avoir une sonorité un peu plus rock." Un rock qui s’inspirera, semble-t-il, de la vie elle-même, des épreuves et des découvertes qui ponctuent notre existence entre la naissance et la mort. "Ça va peut-être être moins happy song (…). La route pour les shows nous amène beaucoup de belles choses mais aussi beaucoup de contraintes… T’es loin de ta famille, des fois tu vis de l’anxiété par rapport à tout ça, des frustrations par rapport à ce que le succès peut t’amener, le jugement des gens aussi… Mais fondamentalement, la mission du band, ça reste d’accrocher un sourire dans la face des gens qui écoutent notre musique."

Depuis l’été dernier, Veilleux s’est aussi permis un side-line créatif alors qu’il a composé les chansons d’une jeune interprète, Marie-Luce Béland, qu’il a lui-même dénichée et qui sera aussi produite chez les Disques Passeport. En parallèle de la vie mouvementée du populaire quatuor, il planche donc sur cet album, qui devrait être lancé au printemps. Il avoue profiter de cette expérience complémentaire pour aborder des sujets qui diffèrent des préoccupations de son band, aussi pour exploiter un style différent. "Il ne fallait pas que ça sonne comme Kaïn dans la bouche d’une nouvelle chanteuse… Ce n’est pas le même discours du tout, ni la même approche musicale. Ça sort des patterns folks de Kaïn et ça va être moins joual comme écriture."

Cet écart ne l’empêche pourtant pas de continuer de croire très fort en l’avenir de son groupe. "Les gens ont embarqué dans notre musique. C’est cette année qu’on a pu le constater, avec les shows et tout ça. On peut juste en profiter. C’est la plus réconfortante des choses qui peut arriver à un band."

Le 20 janvier
À l’auditorium Dufour
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