Paul Kunigis : Encore une fois, Monsieur Kunigis!
Jeszcze Raz est mort, vive Paul Kunigis! Le chanteur et pianiste polonais est plus que jamais résolu à porter le chapeau et assume parfaitement son premier album solo où il chante en français.
Ça nous a pris des années avant de prononcer à peu près correctement cette expression "Yé-Tché-Razz" qui signifie "encore une fois" en polonais, et voilà que ce sacré Kunigis a fait volte-face pour chanter sous son propre nom. "C’est mon côté cynique, pouffe-t-il. Quand tout va bien et que tout le monde est un peu habitué, je me dis: c’est le temps de changer."
Mais il blague. D’abord, son album Exodus est une suite naturelle, tout à fait dans l’esprit de cette musique que l’homme au chapeau nous sert depuis bientôt dix ans. Chansons d’exils et de contrastes dans lesquelles on retrouve l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient, ses influences juive, arabe et catholique; la mélancolie en même temps que la sagesse et l’optimisme. "Je ne suis pas en train de me réinventer, explique l’intéressé avec franchise et désinvolture. J’ai juste décidé de prendre ma liberté artistique d’une certaine manière. Jeszcze Raz connote une formation, tandis que Paul Kunigis est un artiste avec des musiciens. Ça me permet d’aller explorer d’autres choses. Au début, ça avait pris spontanément l’allure d’un groupe, pourtant on n’avait pas un projet précis."
En fait, c’est pendant une tournée en solo en Pologne que cette page a commencé de se tourner; entre les questions des journalistes et la perception que le public là-bas avait du personnage. Puis, à la signature de son premier contrat d’artiste avec Audiogram (ses deux précédents albums étaient bien sortis sur cette étiquette mais seulement sous licence), l’équipe de Michel Bélanger est surprise d’apprendre que Kunigis a déjà choisi de travailler avec un metteur en scène qui est un de leurs poulains favoris: Carl Bastien. Évidemment, tout le monde va croire que c’est arrangé avec le gars des vues et que la maison de disques a imposé le réalisateur. Mais c’est là une autre occasion pour le chanteur de se marrer un bon coup. Il raconte comment Bastien est venu le voir au Métropolis, il y a quelques années, au show "2 Univers". Ils ont spontanément conclu que ça serait cool de faire équipe.
"Il travaille différemment. Carl est un gars qui rentre dans sa bulle et s’approprie certaines choses. Il a fallu que je m’accommode à un artiste aussi méthodique. Le truc merveilleux c’est qu’il est rentré dans mon univers sans le déranger, juste en ajoutant des couleurs."
D’ailleurs, un des grands mérites de ce disque, qui a voyagé, de la maquette au produit final, avec trois batteurs successifs dans cinq studios différents, c’est qu’il débute simplement avec des sonorités familières pour élargir la palette et se transformer subtilement en cours de route. Des chansons en français aussi, dont Toi et moi, délibérément pop, à la Dassin, qui évoque une rupture d’il y a quelques années. Aujourd’hui, Kunigis vit heureux, papa sur le tard, et dédie son nouveau disque à Arielle, Alexis et Amélie. "Je vous souhaite beaucoup de voyages et aucun exode", écrit-il. Lui qui en a vécu au moins deux. De la Pologne à Israël, d’Israël au Canada qu’il a traversé à contre-courant, d’ouest en est, avant d’adopter Montréal.
Le 26 janvier à 20 h 30
Au Théâtre Granada