Serge Provost : Ce qui fut moderne
Musique

Serge Provost : Ce qui fut moderne

Le compositeur Serge Provost est derrière l’organisation, par le Conservatoire de musique de Montréal (CMM), d’un festival qui rend hommage à la musique de Luigi Nono.

Le compositeur italien Luigi Nono (1924-1990) compte parmi ceux qui ont ouvert de nouvelles avenues à la musique de concert au XXe siècle. Depuis le 14 janvier se tient à Montréal un festival qui rend compte de la diversité de ses apports. Le directeur artistique de l’événement, Serge Provost, explique: "Ça faisait longtemps que j’attendais l’occasion de pouvoir amener la musique de Nono ici. C’est un répertoire pratiquement inconnu ici, et la plupart des pièces sont présentées en première québécoise, sinon canadienne, voire nord-américaine! J’ai rencontré Nuria Schoenberg-Nono (fille d’Arnold Schoenberg et veuve de Luigi Nono) en 2005, et nous avons discuté de ce projet, puis la directrice du CMM, Isolde Lagacé, m’a donné le feu vert, et ça s’est mis en place." Madame Schoenberg-Nono, malheureusement retenue à Venise par des problèmes de santé, a dû annuler sa présence à Montréal.

Le but de ce type d’exercice, s’agissant d’une activité du CMM, est double: il y a l’idée de faire découvrir la musique du compositeur au public, bien sûr, mais cela s’inscrit aussi dans le processus d’apprentissage des étudiants de l’institution. "C’est de la musique très exigeante, poursuit Provost, parce qu’elle se présente sur des partitions difficiles à déchiffrer; l’esthétique de Nono, c’est le comportement du son derrière les notes, alors il y a beaucoup d’indications plus ou moins poétiques, de modifications inhabituelles du jeu qui demandent réflexion. Je trouve que c’est fabuleux de pouvoir apporter ça à des jeunes! Et au public aussi, d’ailleurs, parce que la difficulté de faire monter les oeuvres par des organismes professionnels explique partiellement leur rareté, mais au Conservatoire, ça fait partie des cours, alors on répète et on prend le temps qu’il faut."

On pourra constater les résultats de ce travail dès ce jeudi lors d’un concert consacré à des oeuvres pour de grands ensembles qui seront dirigés par Jean-Guy Plante (pour l’Ensemble de percussions du Conservatoire) et Véronique Lacroix (jusqu’à 23 musiciens pour Incontri, de 1955, et un choeur de 13 voix pour Das atmende Klarsein, de 1981). Si l’on pourra juger du talent des élèves-interprètes, il en est de même pour ceux qui étudient la composition, et leurs professeurs. Le concert du vendredi permettra en effet d’entendre des oeuvres, présentées comme autant d’hommages à Nono, de Michel Gonneville (Île arc-en-ciel avec la soprano Marianne Lambert) et de Serge Provost (une création pour voix de basse [François Dubé], trois cors et trois contrebasses), mais aussi des diplômés en composition Vincent-Olivier Gagnon et Jimmy Leblanc.

Le concert du samedi permettra d’entendre l’Orchestre symphonique du CMM sous la direction de Raffi Armenian. Au programme, des oeuvres de Bach, Webern, Schoenberg et, de Nono, les Variations canoniques sur la série de l’Opus 41 d’Arnold Schoenberg (de 1950 – notez qu’il épousait la fille de Schoenberg en 1955). À découvrir!

Les 18, 19 et 20 janvier
À la Salle Pierre-Mercure (entrée libre)
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