Vincent Vallières : OK, on repart!
Vincent Vallières s’apprête à reprendre les routes du Québec afin de présenter ses nouvelles chansons, issues du Repère tranquille.
Mine de rien, en douce, Vincent Vallières s’impose peu à peu dans l’univers artistique québécois. En deux mois, son nouvel opus, Le repère tranquille, est passé de 9 000 exemplaires vendus à 20 000 au moment de notre entretien. Vallières, c’est un baromètre de la chanson populaire québécoise. Il rejoint tous les publics, avertis ou non. Il est vrai que ses chansons s’insinuent chez l’auditeur à pas feutrés. Et, surtout, elles refusent de céder leur place.
OK ON PART
"OK, on part/Ça roule je suis parti avec toi mon coeur/Tu te changes en arrière, je te r’garde dans le rétroviseur/C’est comme dans Volkswagen blues que tu lis en chemin/Sauf que nous autres on court après rien", chante Vallières dans Ok on part sur son avant-dernier disque, Chacun dans son espace. Une bonne chanson représentative de sa manière de faire, de ses petites obsessions: le voyage à l’américaine, sur la route poussiéreuse, les filles – belles de préférence, que l’on épie à la dérobée. Soulignons le clin d’oeil à un de ses écrivains préférés, Jacques Poulin: "En apparence, les romans de Poulin ont l’air d’avoir une petite histoire, à la limite légère, mais t’embarques là-dedans et ça t’habite."
"Ce qui séduit dans la chanson ou le roman, poursuit Vincent, c’est cet aspect populaire. Le fait qu’une oeuvre soit pénétrable, de prime abord, sans qu’elle soit niaise. J’aime qu’une chanson puisse habiter le quotidien des gens."
MARCHE ARRIÈRE
En 1999, Vincent, début vingtaine, sortait son premier opus, baptisé Trente arpents en hommage au groupe qu’il formait alors avec des amis. Trente arpents, c’est aussi un roman de Ringuet, un classique du terroir québécois. Décidément, le chanteur originaire de Sherbrooke a les deux pieds dans la terre d’ici: "Quand j’ai fini mon cégep, je suis allé à l’université. J’avais envie d’avoir des cours d’histoire, de français, de littérature, mais pas comme une passion pour absolument devenir prof au secondaire. J’aimais l’idée d’étudier, de faire autre chose que de la musique."
Après un Trente arpents guère convaincant, Vallières change de cap et sort le bien nommé Bordel ambiant en 2001. Les guitares sont saturées, ça part dans tous les sens, mais l’énergie est là, canalisée par le réalisateur Éric Goulet (Les Chiens): "Ce n’est pas un disque carrément abouti, mais il est meilleur que le premier. Il a fallu que je fasse mes classes, que je comprenne ce que j’avais envie de dire. Pendant l’enregistrement de Bordel ambiant, j’avais loué un chalet à Magog et je me suis mis à écouter plein d’autres musiques avec Éric; il me passait des disques, Time out of Mind de Bob Dylan, par exemple, ou The Flaming Lips."
VOUS ÊTES ICI
Il faut voir la route parcourue entre Bordel ambiant et Chacun dans son espace (2001), où Vallières trouve enfin son style, sa manière de dire les choses, sans la contestation adolescente qu’il prisait occasionnellement: "Il y avait moins le désir de chialer constamment. En faisant Chacun dans son espace, je voulais relever un défi: écrire un disque qui serait populaire sans être quétaine dans lequel je m’ouvrirais plus."
C’est un Vincent Vallières calme et ensoleillé qui fait une apparition plus nette sur Le repère tranquille. On serait tenté de dire serein. Patronné par la figure du grand Johnny Cash, on perçoit quelques effluves country sur cet opus chaleureux et mélodieux comme un fleuve en été. Le sillon Vallières creuse une ornière singulière dans la chanson québécoise. Sur la grande carte routière, on peut lire: Vous êtes ici. Un long chemin l’attend.
Le 20 janvier à 20 h 30
Au Vieux Clocher de Sherbrooke
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