R.A.F.T. 70 et Treize Lunes : Branchez-vous!
Musique

R.A.F.T. 70 et Treize Lunes : Branchez-vous!

Les spectacles R.A.F.T. 70 et Treize Lunes nous donnent de magnifiques occasions de syntoniser avec toutes les subtilités de l’improvisation en découvrant deux manières bien différentes de l’aborder.

À en croire les nombreux adeptes des jams organisés par l’Association de contact improvisation de Montréal, l’aventure de l’impro est très prisée par les danseurs amateurs. En revanche, on en voit rarement sur scène et ça reste souvent confidentiel. Il s’agit pourtant d’une expérience fascinante qui en révèle autant sur les artistes qui s’y livrent que sur un mode de création récurrent en danse contemporaine. Interprète de talent sollicité par la plupart des grands chorégraphes québécois, Marc Boivin en est mordu depuis qu’il y a goûté, en 1992: "Ce que j’aime le plus dans l’improvisation, c’est le jeu de la créativité et le fait qu’après des années de métier, tout ce qui s’est exprimé dans mon corps au fil des projets devient du matériau brut dont je fais une espèce de synthèse personnelle avec des variations."

Le propre de l’improvisation est de créer d’instinct en s’appuyant sur l’expérience tout en s’en détachant. Marc Boivin en est tellement conscient que le spectacle dont Andrew de Lotbinière Harwood (le grand maître du genre) lui a confié la direction artistique s’intitule R.A.F.T. 70 (Remembering and Forgetting Together). Le 70, c’est pour le nombre de personnes ayant influencé le projet à ce jour. Complices de longue date, les deux hommes dansent ensemble dans ce spectacle au Théâtre La Chapelle, tout comme ils partageront la scène dans Treize Lunes, présenté par Danse-Cité à partir du 31 janvier. Dans les deux productions, plusieurs générations d’artistes se côtoient, et danseurs, musiciens et éclairagiste improvisent de concert. Et si un vidéaste vient s’ajouter dans R.A.F.T., ce n’est pas la seule différence.

"Pour moi, Treize Lunes est une belle rencontre ponctuelle entre des artistes qui ont une affinité pour l’improvisation et le goût d’y plonger, compare Marc Boivin. Le spectacle repose beaucoup sur l’énergie de la rencontre et comme nous sommes nombreux, la synergie est très forte. R.A.F.T. est un tout autre type de projet. C’est le résultat d’une recherche commune de longue haleine avec la même équipe de huit personnes." S’il y a eu peu de répétitions pour Treize Lunes, les consignes d’improvisation sont tout de même claires pour tous et certains des 20 danseurs et musiciens qui y participent se connaissent bien. Car ce spectacle est un énième volet des Événements de la pleine lune mis en place dans les années 80 par des danseurs comme Louise Bédard et Daniel Soulières, et des musiciens comme Antoine Berthiaume et Jean Derome.

"Le rapport entre musique et danse est si fondamental qu’il me semble venir de la préhistoire, commente Jean Derome. J’ai parfois l’impression de toucher à des choses très anciennes, très archaïques et très profondes dans l’humain. Mais je crois que c’est plus difficile d’improviser pour les danseurs parce qu’ils ne voient que ce qui est devant eux et perçoivent vaguement ce qui est derrière. La musique, elle, est plus "transparente": on entend toujours tous les sons. Cela dit, les danseurs expérimentés sont incroyables à voir. On dirait parfois qu’ils sont doués de perception extrasensorielle, d’une télépathie vraiment troublante." Un contexte qui permet au spectateur de se connecter facilement à ce qui se produit sur scène.

R.A.F.T. 70
Jusqu’au 27 janvier, 20h
Au Théâtre La Chapelle

Treize Lunes
Du 31 janvier au 3 février, 20h30
Au Studio Hydro-Québec du Monument-National