Diam’s : Diamant brut
Diam’s roule sur l’or. Accumulant les récompenses depuis la parution de son troisième album, la rappeuse à la voix cassée des Ulis revient casser la baraque.
De ses premiers pas au sein de la Mafia Trece, collectif de rap théâtral, jusqu’au succès monstre de son troisième disque solo, Dans ma bulle (écoulé à 700 000 exemplaires en France), Mélanie Georgiades, alias Diam’s, n’a jamais baissé les bras. Malgré ses détracteurs, la jeune Parisienne de 26 ans s’est taillé une place de choix au sein de la communauté rap française, qui se féminise de plus en plus. "Pourtant, je n’ai jamais rappé avec l’intention, un jour, de sortir des disques et d’en vendre. Je viens d’une génération où il n’y avait pas de clips ni d’Internet. Le rap, c’était un truc rassembleur pour être avec ses potes et dire ce qu’on avait à dire derrière un micro", raconte-t-elle dans un élan d’enthousiasme.
Avec des prix raflés lors de multiples galas, allant des MTV European Music Awards aux Victoires de la Musique, tout semble sourire à la petite banlieusarde vivant en ermite. "Dès que je quitte la scène, je me retrouve dans mon monde. Plein de gens ne comprennent pas que j’aie conservé ce côté écorché vif après avoir vendu des milliers d’albums. Au final, c’est que je suis coincée dans ma bulle. Les paillettes et toute la beauté de ma vie artistique n’ont alors plus aucune importance. Je me retrouve les deux pieds dans le monde réel. Et dans le monde réel, des problèmes, il y en a des tonnes", affirme l’ex-garçon manqué.
Collaborateur de longue date, le tandem de choc Tefa et Masta s’est une fois de plus chargé de la production de la plupart des titres de ce dernier opus. N’hésitant pas à se dévoiler dans ses textes alliant sensibilité féminine et revendication, Diam’s signe un disque en forme de véritable journal intime. "Chaque fois que j’écris, c’est parce que j’ai quelque chose sur le coeur. Ma démarche n’est pas d’écrire des chansons, mais de me faire du bien. Créer de la musique est une véritable forme de thérapie."
Si la collection se veut essentiellement introspective, quelques chansons à connotation politique ou sociale se sont faufilées sur le compact. Parmi celles-ci, Ma France à moi, Cause à effet et surtout Marine, écrite pour la fille du président du Front National, Jean-Marie Le Pen. "Je désirais lui écrire une lettre pour essayer de comprendre comment on pouvait avoir des valeurs comme les siennes et défendre un parti raciste. Je suis d’une génération qui a toujours lutté contre le FN. Mes aînés l’ont fait, et j’ai repris le flambeau. Jamais je n’aurais pu me douter que la pièce arriverait à ses oreilles. Encore moins qu’il y aurait de véritables répercussions médiatiques. Évidemment, elle trouve ça très démago de ma part."
Pote de Sinik depuis les années de lycée, Mélanie mijote tranquillement un compact en collaboration avec son vieil ami; projet qui pourrait voir le jour d’ici la fin de l’année. "Ce ne sera pas le nouvel album de Diam’s ni de Sinik, mais véritablement un album commun où chacun va mettre de l’eau dans son vin. On désire produire un disque qui nous représente tous les deux, sans la douceur et le côté piano/voix de mes pièces ni l’aspect dur et violent de Sinik. Reste à voir où ça nous mènera exactement." Femme de tête, cette Diam’s.
Le 3 février
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