Original Recipe : Table d’hôte
Le duo Original Recipe vient cuisiner sur scène les copieux morceaux de son tout premier recueil, intitulé Noisette. Buffet à volonté, sauce ambiante ou au coulis dansant.
Dès leur toute première rencontre à la fin des années 90, Dean Williams et Steve Mason coécrivaient et enregistraient une première pièce. Malgré des racines musicales différentes – Steve a touché au classique (piano, violoncelle) avant de succomber à l’électro, alors que Dean s’est adonné à la guitare et au micro dans plusieurs groupes rock -, ils se rendent vite compte qu’ils partagent le même dialecte. "On s’est tout de suite compris musicalement, relate Mason depuis un café torontois. Tant pour les idées que pour le langage qu’on voulait utiliser…" Ces bribes de vocabulaire, ces ingrédients primordiaux à leurs concoctions, ils les dénichent dans des magasins de disques usagés. "Notre travail d’écriture débute généralement par une visite chez un disquaire à 1 $, où l’on trouve de très vieux disques dont personne ne veut, explique-t-il. Il nous est arrivé d’écrire des chansons en se basant uniquement sur un de ces albums, s’en faisant comme une sorte de défi: on va trouver un disque à l’allure amusante et nous allons tenter d’écrire un morceau en utilisant exclusivement de ses échantillons. Un aspect important de notre travail consiste à recycler des trucs que l’on trouve inécoutables et à les transformer en quelque chose qui sonne bien à notre oreille…"
La taille minime des échantillons (une note, un son) et les nombreuses manipulations subies rendent toutefois impossible toute identification de l’oeuvre originale. Et contrairement à plusieurs artistes du genre se contentant de rester assis devant leurs écrans et de suivre des yeux le curseur en hochant la tête, Original Recipe s’impose une large part de jeu en direct. Son premier album, Noisette, paru fin janvier chez Vinyl Republik, est essentiellement composé de performances live. "Une certaine partie est préenregistrée", concède Mason, faisant allusion aux séquences de base, aux squelettes des pièces. Ne reste qu’à ajouter la chair, la peau, le sang; la vie quoi. "En concert, on les modifie en direct, on change l’ordre ou on rajoute des effets", explique-t-il, mentionnant l’aide d’un logiciel pour synchroniser les ordinateurs et rendre possible toute cette interaction. "On peut intégrer des parties live, comme des claviers ou des échantillons recueillis sur place avec nos micros…" Il importe donc de s’éloigner le plus possible du stérile show de laptop. "Oh, oui! C’est très important pour nous. Ça nous désole toujours beaucoup lorsqu’on va voir une prestation de musique électronique et que l’artiste reste immobile devant son ordinateur; ce n’est pas une performance et ce n’est certainement pas divertissant! C’est aussi pour ça qu’on fait la cuisine dans certains de nos spectacles", ajoute-t-il, soulignant une affection particulière pour les crêpes et les omelettes. "Pour nous, c’est une question de divertissement; on ne veut surtout pas ennuyer les gens!" Et pourquoi pas aussi veiller à leur saine alimentation? Bon appétit.
Le 2 février à 22h30, avec Millimetrik
À la galerie Rouje
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