2Faces : Retour du guerrier
Musique

2Faces : Retour du guerrier

Le vétéran 2Faces rebondit avec un nouvel opus conjuguant rage au coeur, éclectisme sonore et scratchings bien dosés. Rencontre avec un revenant.

Contre toute attente, Francis Belleau, alias 2Faces, refait surface après des années d’hibernation et signe Moi, 2Faces et Dirty, une nouvelle livraison solo plus introspective que jamais. La version 3.0 de 2Faces laisse entrevoir trois personnalités bien distinctes: l’étudiant en histoire, le rappeur et le party animal. "Je n’avais pas de plan précis lors de l’élaboration de cet album. On m’a fait parvenir des pièces instrumentales alors que ça faisait une éternité que j’avais écrit des chansons. Quelques pistes m’ont accroché. Puis Dirty est arrivé dans le portrait. C’est un surnom que l’on m’attribue lors de soirées bien arrosées. On peut dire que c’est une partie de moi que je n’aime pas trop; le côté vicieux de ma personnalité que j’ai caricaturé. J’avais envie d’explorer cet aspect de moi", explique le jeune homme de 27 ans.

Avec des pièces telles que Prêts pas prêts, force est d’admettre que le discours de Belleau n’a rien perdu de son punch et de sa pertinence depuis son irruption en solo il y a huit ans. La pause lui a été bénéfique. "Lorsqu’on est cinq sur un morceau, comme à l’époque du 83, il faut faire des compromis et s’entendre sur une ligne directrice. Les albums solos m’ont permis d’explorer différentes atmosphères et de dire le fond de ma pensée. De parler de moi plus en profondeur. Ça m’a fait énormément de bien de vivre des choses pour ensuite pouvoir écrire sur de nouveaux sujets. C’était devenu inévitable de prendre une certaine distance face à l’industrie."

Blasés et mécontents du sort réservé au rap dans l’industrie québécoise, 2Faces et les membres du 83 envahirent la scène du Gala de l’ADISQ en 2002 pour faire passer leur message. Malgré le battage médiatique et les réactions favorables, l’envie de tout laisser tomber effleura l’esprit de Belleau plus d’une fois au cours des dernières années. "Le manque de professionnalisme a fini par m’atteindre sérieusement. Et puis, ce n’est pas tout le monde qui a droit à un gros budget et qui fait les choses comme il le devrait les faire. Tant chez les artistes que dans les médias. Tout le monde se pile dessus dans le milieu du hip-hop. La game est dure et j’avais besoin de m’en détacher", avance-t-il pour expliquer son absence prolongée.

Épaulé par une pléiade d’invités de luxe dont Taktika, Frenchi Blanco, DJ Manifest, Onze et JT, Le Gémeaux a réalisé cette galette avec une maîtrise qui n’a rien à envier aux productions américaines. "Lorsque j’achète un album, je veux que ça sonne et lorsque j’écris une chanson, les beats sont primordiaux, précise 2Faces. Le pire rappeur du monde sur un beat de Dr. Dre, ça demeure écoutable, tandis que le meilleur rappeur du monde sur un beat de merde, ça ne vaut rien du tout. L’idéal, c’est de combiner les deux et j’espère avoir réussi. J’ai toujours voulu bien faire les choses et je vais poursuivre ma route de cette façon." Non, Franky Diamond n’a pas encore dit son dernier mot.

2Faces
Moi, 2Faces et Dirty
(Explicit Productions / Audiopact / Select)

À voir/écouter si vous aimez
-La Constellation
-83
-Taktika