Amy Millan : Le côté obscur du coeur
Musique

Amy Millan : Le côté obscur du coeur

Amy Millan a tissé une oeuvre intimiste qui se positionne bien en marge de l’étincelante pop à laquelle elle nous a habitués en tant que chanteuse de la formation Stars. La démarche solo lui va à ravir.

Membre à temps plein du groupe Stars et à temps partiel du collectif Broken Social Scene, Amy Millan n’a pas chômé depuis le début du présent millénaire. La chanteuse et guitariste trouvait tout de même le temps de lancer en juin dernier un premier album solo, Honey from the Tombs. Tout comme Emily Haines, sa consoeur au sein de Broken et chanteuse de Metric, qui proposait l’automne dernier le très poignant Knives Don’t Have Your Back, Millan profite de l’aventure solo pour explorer des contrées plus personnelles et un peu plus sombres. Elle quitte temporairement les mélodies vives et candides de Stars pour se balader, tout en langueur, en terrain country-folk. Avec en main une guitare acoustique, un banjo ou une mandoline, elle relate des récits de déchirures et d’échecs amoureux. "Dans Stars, je ne compose pas et, contrairement à ceux qui le font, je n’ai reçu aucune formation classique, voilà pourquoi mon approche esthétique est si différente. Le folk est pour moi naturel et instinctif", affirme la jeune femme originaire de Toronto, qui habite depuis quelques années à Montréal.

Tous les titres de Honey from the Tombs ont été écrits alors qu’elle était dans la jeune vingtaine, soit entre 1994 et 1999, donc avant qu’elle joigne les rangs de Stars en 2000. Loin d’être de simples histoires d’adolescente, ces textes traitent plutôt de sujets qu’elle considère universels. "Un jour, j’ai joué Losing You dans un spectacle auquel assistait une femme dans la soixantaine qui avait vécu un divorce. Elle est venue me voir et m’a demandé: "mais comment peux-tu savoir tout ça?" Peu importe à quel âge nous tombons amoureux, nous espérons à chaque fois que ce soit pour toujours. Que la relation ait duré 3 ans ou 20 ans, c’est toujours souffrant quand elle prend fin." Et interpréter ces pièces, c’est également pour elle une manière de conserver la mémoire: "Trop de gens s’écartent de ce qu’ils étaient dans leur jeunesse, et oublient cette époque où naissent pourtant les plus belles et les plus grandes idées."

L’an dernier, alors que Voir s’entretenait avec Emily Haines (amie de Millan depuis l’école secondaire), celle-ci nous révélait l’un de ses rêves les plus chers: celui de fonder un groupe avec Feist et Millan. Est-ce que cette dernière chérit les mêmes ambitions? "Je suis persuadée qu’on formera un jour ce trio! Je me considère très privilégiée d’avoir de telles amies et de savoir que je pourrai toujours compter sur elles. Ce n’est pas possible pour le moment, mais je sais qu’un jour, nous pourrons passer quelques mois ensemble à écrire et à composer. Nous pourrons réaliser ce rêve."

En attendant, elle nous donne rendez-vous au Main Hall où elle se pointera sur scène avec six autres musiciens dont quelques membres de Paso Mino (le groupe qui accompagne Jason Collet) et Evan Cranley (Stars).

Avec Darling Arms, le 10 février
Au Main Hall
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