Colin James : Sauver les bleus
Colin James s’amène sur scène armé d’un troisième recueil conçu en big band, sur lequel priment les accents blues. Car les grands du genre auront vite besoin de relève.
Après un premier tome en 1993 et un second en 1999, Colin James récidivait en octobre dernier avec Little Big Band 3, comprenant 13 nouveaux titres enregistrés avec son magnifique "petit grand orchestre". "Chacun a sa personnalité", estime le principal intéressé quant aux trois chapitres. "Le premier, c’était bien avant tout l’engouement pour le swing, alors il était plus près du vieux rock’n’roll, expose-t-il. Le deuxième, même si j’essaie toujours de sélectionner les pièces les plus obscures possible, a été un peu plus touché par cette espèce de folie pour le swing, même si j’avais fait le disque avant que tout ça ne décolle; c’était toute une mode! Et même si j’ai beaucoup aimé faire ce disque et que j’avais de très bons musiciens, toute la frénésie autour de ça n’est pas ce que j’ai le plus apprécié. Avec le premier, j’avais l’impression de faire quelque chose à contre-courant, un truc que personne d’autre ne faisait à ce moment-là, alors que le deuxième semblait plutôt couler avec la tendance. Celui-ci, j’ai essayé de le faire un peu plus bluesy, mais sous le même principe; en dénichant les meilleurs musiciens possible, et en l’enregistrant bien live aussi…"
Tenues un peu partout en Amérique du Nord mais essentiellement à Nashville, les sessions d’enregistrement se sont avérées des plus productives. "Nous avons probablement immortalisé assez de matériel pour deux albums; on a enregistré environ 35 chansons, puis on a aussi fait un album de Noël qui paraîtra l’an prochain. Je ne sais pas trop si le reste du matériel verra le jour ou non. Mais on a sûrement l’équivalent d’un autre album en banque…" Très bonne chose, étant donné tout le talent de John Whynot (enregistrement et mixage) pour mettre en valeur ce remarquable groupe de musiciens.
"John est un ingénieur fabuleux, comme j’en connais peu, confirme James. Il peut mener tout ça de front les yeux fermés; il en connaît plus sur la musique qu’à peu près tout le monde avec qui j’ai travaillé, lance-t-il. Colin (Linden, co-réalisateur et complice de longue date) et lui ont travaillé ensemble sur divers projets, alors ils sont vraiment en phase. Ils aiment beaucoup les vieux micros et savent choisir les bons; ils forment toute une équipe!"
C’est flanqué de Bob Ruggiero (batterie), Miles Hill (basse), Eric Webster (claviers), Doug James, Steve Hilliam, Terry Townson et Rod Murray (cuivres) que Colin James mènera cette nouvelle tournée canadienne. "On a environ 50 pièces au total, alors on a monté plusieurs setlists différents, pour pouvoir faire une sorte de shuffle entre eux et donner un concert différent chaque soir", poursuit-il avant de partager son inquiétude quant à la relève blues. "Je ne crois pas que les gens vont arrêter d’en jouer, assure-t-il. Mais les références, les premières, deuxièmes et troisièmes générations du Chicago Blues comme Otis Rush ou Buddy Guy, ces gars-là sont dans la soixantaine maintenant… Alors c’est une des raisons pour lesquelles je fais des disques avec un big band; il faut garder la tradition en vie!"
Le 10 février à 20h
À la Salle Southam du CNA
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