DJ Champion : Électro-chocs
Musique

DJ Champion : Électro-chocs

DJ Champion et sa bande des G-Strings viennent pour la première fois à la rencontre du public de la région de la capitale nationale. Entretien outre-mer avec le king de l’électro.

Si DJ Champion manie l’art de séduire les foules comme pas un avec son électro-rock inventif, il aura certainement su se faire désirer par ses admirateurs de la région… Voilà déjà trois ans qu’il a sorti Chill’em All – petite galette explosive qui s’est depuis écoulée à 50 000 exemplaires au Québec seulement -, qu’il a sillonné le Québec en entier, le Canada, ainsi que quelques villes européennes sans même daigner se montrer le "bout du laptop" en terres gatinoises-ottaviennes! Mais cette fois, il se reprend pour de bon, et deux fois plutôt qu’une!

GRAND CHAMPION

Joint en France alors qu’il donne une série de spectacles avec ses musiciens des G-Strings (quatre guitaristes, un bassiste et la sensuelle chanteuse Betty Bonifassi), l’artiste, à la fois grisé et grisant, déballe son enthousiasme au bout du fil: "On a fait trois shows déjà, on a joué à Londres, Paris et Strasbourg, et ça se poursuit. La vibe est très bonne. On vient en quelque sorte sécuriser le territoire. On fait encore du développement, mais le bouche à oreille fonctionne merveilleusement!" expose le bidouilleur numéro un du Québec, qui commence à vraiment faire "courir le monde" en Europe avec ses riffs de guitares rock, son groove détonant et ses rythmes funk, house, soul avec quelques touches country.

Et si la première année qui a suivi la parution de son album fut une lente ascension, il en a été tout autrement des suivantes pour le musicien qui a été récompensé à l’ADISQ (album électro de l’année en 2005 et spectacle de l’année en 2006).

Celui qui évoluait autrefois sous le nom plus austère de DJ Mad Max a toujours dit avoir produit son album Chill’em All pour se réconcilier avec la musique, pour se faire du bien… dans un but quasi thérapeutique. Bien, force est d’admettre qu’il en aura assis du monde avec lui sur le divan de thérapie! En à peine deux ans, il a littéralement changé la face de la musique électro "made in la Belle Province", et il déploie maintenant ses tentacules là où on veut bien de lui. "Le leitmotiv de l’album était qu’il fallait qu’il me fasse du bien. Et je m’aperçois que les commentaires des gens vont dans ce sens-là. Je pense que parce que j’ai fait des choses extrêmement personnelles, ça devient intemporel".

Et qui aurait dit qu’un créateur de cette trempe serait toujours satisfait de ses pièces composées il y a un bail et qui appartiennent à un état d’esprit d’alors? "Sur scène, comme on improvise les structures des tounes, on les redécouvre chaque fois et, au lieu de s’effriter, elles continuent à s’alimenter", expose celui qui se transforme en véritable maestro devant ses musiciens, ayant élaboré son propre langage scénique.

"Mais même quand j’écoute l’album [Chill’em All]… je l’aime encore parce que c’est vraiment moi. Peut-être n’ai-je pas assez encore évolué pour ne plus être capable de me regarder dans le miroir (rires)! J’ai fait un travail le plus honnête possible pour moi, avec les capacités que j’avais à ce moment-là".

Et sur sa lancée, il ajoute: "Quand tu vas loin dans une composition ou sur album, tu vas chercher dans tes souvenirs, dans les choses qui font l’homme que tu es… Il y a plein de mélodies qui sont moi sur cet album, le moi de depuis longtemps. Ce sont des trucs que j’ai acceptés sur ma personne. Peut-être pas tout, parce que je ne suis pas un saint, mais je vis bien avec qui je suis maintenant et qui j’étais quand j’ai fait l’album surtout. C’est pour ça que je m’y reconnais encore", raconte Maxime Morin, alias DJ Champion, qui lançait son Remix album l’automne dernier.

Autre philosophie derrière la musique de Champion: aller de l’avant! Bien qu’il pratique le mantra de "vivre au jour le jour", il n’est pas prêt de ralentir sa fulgurante lancée: "Des erreurs, on en fait tous, puis il ne faut pas capoter avec ça. Il y a des choses sur le disque que j’aime un peu moins, c’est pas parfait, et on s’en câlisse. Puis le prochain, il sera pas pareil, puis il va y avoir des affaires moins bonnes puis d’autres meilleures. Il n’y a rien de parfait. Tout ce qui reste à faire, c’est de triper avec. Vivre dans le passé, c’est une perte de temps triste", raconte celui qui a longtemps gagné sa vie en composant des riffs publicitaires avec son bon ami Ben Charest (Les Triplettes de Belleville).

SEX-APPEAL

Se réservant une grande part d’improvisation à chaque spectacle, Champion excelle incontestablement dans l’art de faire "dandiner le popotin" des plus coincés. "Ça se fait par étapes, de façon à créer un dialogue. Puis, en commençant smooth, tu permets aux gens de décoder ce que tu fais. Et tranquillement, tu emmènes les gens un peu plus loin, parce que c’est pas juste le monde qui ne connaît pas le show, c’est moi qui ne connais pas la salle!"

Et Champion y va de cette analogie pour expliquer sa relation avec la foule: "En fait, c’est un peu comme avec le sexe quand tu fais l’amour avec quelqu’un; au début, tu es un peu timide, t’as l’impression que tes gestes sont maladroits, puis à un moment donné tu as la confiance qui s’installe, tu ne penses plus à ce que tu fais, tu fais juste le faire. La réflexion, c’est pas: "Ah oui, je l’ai dans ma main", c’est plus: "C’est bon ensemble", et t’oublies cette notion-là de dominant-dominé. Et si quelqu’un prend la vedette dans ça, tout flanche. L’équilibre entre dominant-dominé est rompu. Il faut être les deux en même temps. Pour le powertrip en show, il s’agit d’être travesti, d’être à la fois le dominant et le dominé."

En plus de se présenter dans le cadre du Bal de neige à Ottawa avec la Soirée Électro-mode (voir encadré), Champion revient dans la capitale dans le cadre de la tournée Exclaim!, qui parcourra le Canada d’est en ouest, en compagnie notamment de Malajube. Ainsi, contrairement à plusieurs groupes québécois, sa troupe n’a pas peur de jauger le Canada anglais, qui l’a déjà bien servie jusqu’à maintenant: "On m’a déjà dit: "Sois fort chez toi et tu seras fort ailleurs." Souvent, au Québec, on a l’impression d’être à part, et c’est vrai qu’on a une culture différente, mais on est beaucoup plus canadiens qu’on est français. C’est sûr qu’il y a des petits villages dans le Canada anglais où le francophone ne se retrouve pas, mais mets un Albertain à Saint-Glinglin et il va faire: "What the fuck am I doing here?" (rires) Pour moi, c’était normal de développer le Canada, et ce, bien avant les États-Unis!" s’exclame-t-il. On ne saurait s’en plaindre!

Le 16 février dès 19h
Sur la Scène nordique – Canal Rideau

Le 5 avril
Avec Malajube, Chromeo et YSP! WSD!
Au Capital Music Hall

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À CONSOMMER FROID…

Le coup d’envoi a été officiellement donné pour le Bal de neige. Après nous avoir donné la frousse, dame Nature a eu une bonne pensée pour la famille des glamottes et toutes celles qui se réuniront pour cette fête hivernale, avec de la neige en quantité et un canal bien gelé! Tour d’horizon.

D’abord, le Domaine des flocons du parc Jacques-Cartier est investi par les tout-petits avec glissoires et labyrinthe de neige géant, en plus d’un village d’autrefois. Un Concours national de sculpture sur neige, sous le thème "J’ai tant dansé, c’est l’temps d’pelleter!" est aussi à l’honneur.

Du côté du site des Reflets de glace du parc de la Confédération, une exposition prend place, représentant la toundra arctique pour souligner l’Année internationale polaire. Le 20e Concours international de sculpture sur glace y accueille aussi des maîtres sculpteurs du monde entier.

La patinoire du canal Rideau est évidemment un arrêt obligatoire de l’événement, avec une panoplie d’activités de toutes sortes.

Le Bal de neige, c’est aussi une série de spectacles musicaux extérieurs sur la Scène nordique attenante au canal, où les étoiles montantes de la musique indie Jason Collett, Amy Millan, Apostle of Hustle et Young Galaxy se donnent rendez-vous le 9 février, alors que les incorrigibles Trois Accords meubleront la soirée du 10, précédés, en première partie, de Reel & Macadam, célébrant en danse et musique folkloriques le 150e anniversaire du choix d’Ottawa comme capitale. Puis, le 16 février, on déploie le tapis rouge pour la Soirée Électro-mode mettant en vedette la musique frémissante de DJ Champion, avec un défilé de mode organisé par Sensation Mode et mettant en valeur les collections de 14 créateurs canadiens. Le 17 février, Les Pieds Légers de Laval feront des démonstrations de danse folklorique pour égayer la journée, alors qu’en soirée, la formation néo-écossaise The Barra MacNeils prendra la scène d’assaut. Notons également qu’à chaque vendredi et samedi soir, le groupe Insolita offrira dès 19h des prestations mariant la percussion, la danse et les manipulations de feu.

Les festivités se terminent le 18 février. Info: www.capitaleducanada.gc.ca/baldeneige. (M.Proulx)