Numéro# : Numérologie
Numéro#, un duo électro-pop qui jouit depuis peu d’une surprenante reconnaissance à Québec et à Montréal, profitera des courues nuits du Cabaret du festival Regard pour faire danser les amateurs de courts métrages.
Rencontrés par hasard au détour de l’autoroute électronique, Jérôme Rocipon (français) et Pierre Rube (québécois) en sont venus à produire un album ensemble, lancé en novembre dernier. Jusqu’ici, tout porte à croire qu’ils ont tiré le bon numéro…
Pour Rocipon, devenir une star est un exercice de style qui implique toutes les sphères de l’image, jusqu’à une biographie tolérant le fictif, naviguant entre le réel et l’imaginaire. "C’est juste pour se rendre un peu intéressants. Les deux, on n’est pas très fans des biographies en général, surtout pour des groupes qui sont neufs, comme nous, il n’y a pas grand-chose d’intéressant à raconter. Pierre, de son côté, a un passif de musicien. Il a eu un album solo, puis il a fait des collaborations. Mais moi, je n’ai aucun passif disons un peu professionnel, un peu sérieux."
Se moquant des vedettes qui se présentent comme "authentiques", les textes de Rocipon, cinglants, mettent au jour les travers du star-système, de l’univers de l’image et du factice assumé. Tout y passe: du journaliste mollasson qui ne veut pas faire de vagues à l’artiste imbu – et imbuvable – qui pèche par abus de confiance, en passant par la vedette qui se trouve une cause à défendre pour être dans le coup… "On aime bien la dérision, la gentille ironie", affirme le parolier sans fléchir.
Mais leur succès naissant ne pourrait-il pas changer la donne s’il devait se confirmer plus fortement encore? "On verra bien le jour venu, mais c’est vrai qu’à un moment donné, il va falloir qu’on adopte un ton plus consensuel, qu’on parle de nos parties de cuisine le dimanche à faire des crêpes… Je ne sais pas, en même temps, c’est vrai que c’est assez surprenant ce qui se passe avec nous. Même si on y a mis beaucoup d’énergie… C’est vrai que là, on est assez agréablement surpris de la réaction. Mais c’est sûr que si ça se met à marcher davantage, il faudra peut-être changer de discours. On deviendra punks!"
Rocipon va plus loin. Qualifiant d’album concept le premier opus de Numéro#, L’Idéologie des stars, il prédit déjà sa mort, soutenant sans s’en inquiéter que "le but du concept, c’est justement de le tuer un jour. Le deuxième album, s’il existe, c’est clair qu’il sera différent."
Espérant faire une petite incursion dans le marché de sa France natale, peut-être en mai, Jérôme ne se fait pas trop d’illusions: "Pour l’instant, on essaie de faire notre nid au Québec. Sans se jeter des fleurs, on y arrive. Sans révolutionner les choses, je pense qu’on apporte quelque chose de nouveau. Je regarde ce qui se passe et j’ai l’impression qu’on a une originalité, une personnalité. Nous, on est contents. On va essayer de vivre ça au maximum."
Et quelle est l’espérance de vie d’une toute nouvelle star dans ce système? "Très courte. Et plus ça va aller, moins, à mon avis, ça va durer. Parce que les gens ont très peu de mémoire, maintenant. Alors, nous, là-dessus, on ne se fait pas d’illusions. On vit le délire à 100 %."
Le Numéro# que vous avez composé sera en service pendant les nuits du Cabaret du festival Regard. Surtout pas nul, si découvert.
Dans le cadre des nuits du Cabaret du festival Regard
Le 10 février
À l’Hôtel Chicoutimi
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À voir/écouter si vous aimez Katerine.