Vieux Farka Touré : Le jeune vieux
Musique

Vieux Farka Touré : Le jeune vieux

Boureima, dit "Vieux" Farka Touré, l’unique fils musicien de son illustre guitariste de père, entame sa première tournée internationale solo. Attention, racines profondes…

Connaissant bien les affres d’une carrière musicale sur le continent africain, Ali Farka Touré, ce géant du blues malien, souhaitait plutôt une carrière militaire pour son fils Boureima, comme celle de son grand-père. Animé d’une rébellion typique de son âge et aussi têtu que le suppose surnom de son père – Farka, qui veut dire "mule", il se mit plutôt aux percussions, en 1994, avec Afel Bocoum, un ancien musicien de son père, pour ensuite entrer au Conservatoire, à l’Institut national des arts de Bamako… en cachette du paternel. "Les miliciens maliens, c’est vraiment pas mon truc. Y’a tellement de choses que lui ne voulait pas, tu vois… J’ai pris la guitare en entrant au Conservatoire. C’était plus pratique pour participer aux concours. On m’a dit: "ça va aller rapidement, y’a pas de problème"", raconte Vieux, avec une humilité désarmante. Mais la matière qu’on lui enseignait ne le satisfaisait pas complètement. "Moi, je ne suis pas pour le fait d’enseigner la musique de Cuba, le classique ou la musique d’ailleurs; je suis pour la musique de chez nous, la tradition malienne. Le reste, je n’ai pas besoin de ça. Alors, je me suis dit: je ne vais pas traîner comme ça pendant cinq ans". Il abandonna au bout de quatre. Ainsi, le guitariste est attiré vers ses racines musicales profondes tout en se branchant sur les nouveaux courants. "Mon père était plutôt attiré par le son de John Lee Hooker, de Carlos Santana, dit-il. J’étais proche de mon père, j’écoutais les mêmes choses que lui, mais je ne suis pas de la même génération: maintenant y’a du rap, du reggae, du reggaeton… et j’écoute tout!", affirme Vieux Farka Touré.

À la fin de sa vie, Ali avait accepté la décision de son fils et lui permit de parfaire ses connaissances ancestrales en le confiant à Toumani Diabaté, l’un des grands maîtres mondiaux de la kora. C’est donc sur les épaules de ce dernier que repose la carrière internationale de Vieux. "C’est en 1993 que j’ai rencontré mon producteur, Erik Hermann, un Canadien qui réside aux États-Unis. En 2005, il est venu me voir pour produire un album, mais c’était à Toumani de tout gérer pour moi", explique-t-il. Dans l’album, finalement paru en 2007, Vieux interprète deux titres avec Toumani et deux autres avec son père. C’est d’ailleurs le dernier album sur lequel Ali Farka a joué, car, même sur son lit de malade, il continuait à travailler sur les mélodies de l’album de son fils. Le voilà donc prêt à défendre ce premier disque avec sa première tournée internationale, dont il remettra une partie des profits à l’organisation Bée Sago, qui lutte contre la malaria. Auparavant, il avait accompagné son père en France, en Afrique du Sud, un peu partout au Mali. Avait-il une idée de l’ampleur de la réputation de son illustre père? "Mais non, attends, moi, ça m’a surpris! En voyageant avec lui, j’avais pas idée qu’il était aussi connu", avoue-t-il. Armé du même immense talent, Vieux Farka Touré part à la conquête du monde avec ses cinq musiciens pour perpétuer la tradition.

Le 9 février
Au Kola Note
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