Georges Leningrad : Mardi gras tous les jours
Musique

Georges Leningrad : Mardi gras tous les jours

Les inclassables Georges Leningrad arrivent à Trois-Rivières avec leur troisième opus, Sangue Puro, collection déstabilisante de chansons. Éclaircissements avec la chanteuse Poney P.

La dimension tribale des Georges Leningrad est bien présente sur Sangue Puro. Au zénith de l’album, il y a Mammal Beats, dans la lignée des irrésistibles hymnes dansants de Sur les traces de Black Eskimo (Sponsorships, Supa Doopa et Fifi F.). "Pour moi, cette chanson représente l’aboutissement de notre démarche et de notre trio, le fait d’être à son plus puissant chacun dans son élément" raconte la chanteuse Poney P.

"Au début, avec les Georges, l’idée, c’était de tout faire n’importe comment. On ne peut plus faire ça parce que maintenant, on sait comment, on a appris. Ça serait de la fausse naïveté… On s’est fait écraser par des voitures, des pianos nous sont tombés sur la tête, il nous est tout arrivé… C’est pour ça que Sangue Puro n’avait pas le choix d’être un petit poing dans la face, un disque assuré."

En ce sens, pour Poney P., Deux hot dogs moutarde chou (Blow the Fuse, 2002) reste l’album le plus pur, l’ovni, en quelque sorte. D’abord quatuor, le groupe a ensuite perdu un de ses membres (souvenez-vous de la voix atonale sur La Chienne) et a dû s’adapter à une nouvelle géométrie sur son second effort, Sur les traces… (Alien8 Recordings, 2004). "On était triste parce qu’on laissait quelque chose derrière nous, mais en même temps, on célébrait puisqu’on pressentait qu’il y avait un futur." Sangue Puro apparaît comme une sorte d’aboutissement pour les Georges: "Chacun connaît son rôle. Tu peux tourner le triangle dans tous les sens, la base reste solide."

Fait notoire aussi sur ce nouvel arrivage, l’inclassable trio s’approprie le langage, ce qui n’est pas rien pour un groupe qui communiquait essentiellement par le cri et les langues trafiquées, sortes d’émulations hallucinées de langues existantes. "Ça a commencé par un cri, puis c’est devenu un langage abstrait. Au départ je prétendais chanter des mots, comme un enfant qui apprend à parler, qui balbutie. L’enfant entend des chansons dans d’autres langues, commence à imiter ce qu’il perçoit. Ça se précise et un vocabulaire apparaît. Avec cet album, j’ai eu envie de m’installer dans le langage." Mais ne vous méprenez pas, car si des mots connus fleurissent dans la bouche de Poney, le sens se dissout complètement lorsqu’elle les aligne en une phrase.

Le 18 février
Au Nord-Ouest Café
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