Demon’s Claws : Chaud devant
Les Demon’s Claws frappent avec un deuxième album chaotique et désinvolte à souhait qui risque fort de les propulser parmi les plus grandes figures du rock garage. N’avait-on pas pourtant prédit la mort du rock’n’roll?
On le savait depuis un moment déjà: les Montréalais ont manifestement la cote chez nos voisins du sud. Alors que des artistes comme Arcade Fire, Wolf Parade, Besnard Lakes ou Angela Desveaux ont respectivement signé avec les étiquettes américaines Merge, Sub Pop, Jagjaguwar et Thrill Jockey, Malajube s’y trouve présentement pour une tournée qui aligne quelques salles combles.
Dans un registre musical tout autre, s’apparentant davantage à celui des CPC Gang Bang, King Khan, BBQ et autres Sunday Sinners, l’invasion se poursuit aujourd’hui avec l’entrée des Demon’s Claws et de leur album Satan’s Little Pet Pig au sein d’In the Red Records. "C’était LE label avec lequel on rêvait tous de signer! J’écoute des disques parus sous cette étiquette depuis que j’ai 14 ou 15 ans et c’est aussi le cas des autres membres", nous apprend le bassiste Ysaël Pépin alors que le groupe se trouve sur la route en direction de Toronto pour y célébrer le lancement du nouveau disque. "Lors de notre première tournée, nous avons joué à L.A. et Larry Hardy, le propriétaire de l’étiquette, a assisté à notre spectacle; il est venu nous rencontrer tout de suite après pour nous apprendre qu’il était intéressé à faire paraître notre prochain disque."
Se dévouant au rock garage depuis de nombreuses années, l’illustre étiquette dont le quartier général se situe à Los Angeles a acquis sa réputation de pilier du genre en recrutant des groupes comme The Deadly Snakes, The Dirtbombs et The Black Lips. Ces derniers ne seraient d’ailleurs pas étrangers à l’intérêt que l’étiquette a porté à la formation montréalaise. En assurant des premières parties pour ceux-ci, nos démons les auraient fort impressionnés avec leurs prestations enflammées. Le groupe d’Atlanta les a même proclamés "meilleur groupe vu sur scène au cours de la dernière année".
La mouture musicale des Claws est des plus éclectiques, elle tire dans diverses directions, et ce, en raison des intérêts variés de ses cinq membres: "Pat (guitare) est amateur de country et de blues, Jeff (chanteur) aime le country dans une forme encore plus pure, Brian (batteur) est plus punk, Piero (claviers) plus trash et moi j’adore le jazz." Quelques constantes régissent néanmoins leur répertoire: de solides assises purement rock’n’roll avec des guitares incisives, une voix gueularde, un déploiement d’énergie brute et sincère, et l’aspect direct et lo-fi, voire crade, de la production.
Et à l’heure où la scène dite "indie" brille de tous ses feux, comment se porte celle du rock garage? "Quand je vois Bloodshot Bill remplir des salles à toutes les semaines, je constate qu’il y a toujours un public fidèle au poste et je ne crains pas, lance le musicien. Il y aura toujours du monde pour apprécier un rock aussi peu prétentieux. Notre seul but est de s’amuser, de faire danser les gens et de leur faire oublier leurs 40 heures par semaine. Et parti comme c’est là, on va sûrement faire ça toute notre vie." Voilà une bien noble mission!
Le 23 février
À la Sala Rossa
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À voir/écouter si vous aimez
– Black Lips
– The Jon Spencer Blues Explosion
– The Black Keys