Jane Bunnett : Les aventures d'Havana Jane
Musique

Jane Bunnett : Les aventures d’Havana Jane

Jane Bunnett garde le moral malgré les embûches et les tracasseries administratives.

"Kafkaïennes, oui, c’est bien le mot qui convient pour décrire nos aventures à Cuba! C’était tout simplement absurde et vexant, mais pas assez pour m’empêcher d’y retourner", s’esclaffe Jane Bunnett. Aventureuse et optimiste, voilà deux adjectifs qui lui vont bien. Aventureuse puisque, contrairement à nombre de touristes qui demeurent cantonnés dans les infrastructures touristiques de La Havane, elle s’est aventurée jusqu’à Guantanamo, à la pointe ouest de l’île, à peu de distance d’un tristement célèbre camp militaire. "C’est peut-être la proximité de la base qui explique cette paranoïa, mais comme nous n’avions pas de visa spécial pour enregistrer avec des musiciens cubains, la police surveillait nos moindres faits et gestes. Ils nous interdisaient même de rester dehors à siffler avec les musiciens de rue!"

La flûtiste et saxophoniste soprano canadienne n’en a pas moins persévéré, enregistrant entre 2003 et 2005 son plus récent opus, Radio Guantanamo: Guantanamo Blues Project vol. 1. Ainsi que l’indique le titre, il y est question de blues, et plus particulièrement de celui de La Nouvelle-Orléans, mais aussi de changüí, l’une des plus anciennes formes de musique cubaine, mais paradoxalement aussi la moins enregistrée.

"Les sonorités sont différentes de celles du són ou de la salsa, notamment à cause de l’utilisation de bongos plutôt que de congas, mais c’est aussi une musique très festive", explique celle qui a pour l’occasion enregistré avec deux formations bien connues de là-bas, le Grupo Changüí de Santiago et le Grupo Changüí de Guantanamo. Cependant, il ne s’agit pas ici d’un énième Buena Vista Social Club, mais bien d’une démarche qui marie autant le jazz que le blues et le changüí. Celle qu’on appelle parfois "Havana Jane" dans le milieu du jazz (un clin d’oeil à Jane Fonda, qu’on surnommait "Hanoi Jane") est une habituée des mélanges des genres, et bien qu’elle revendique d’abord et avant tout sa filiation jazz, elle reconnaît que la musique cubaine la suivra probablement toute sa vie. En attendant l’enregistrement du volume 2 du projet Radio Guantanamo, qui devrait avoir lieu cet été, elle viendra chauffer les planches du Centennial en compagnie de ses cinq acolytes de tournée, dont bien sûr son complice musical et mari, le trompettiste Larry Cramer.

Le 24 février à 20h
Au Théâtre Centennial
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