Sparklehorse : Revenu de loin
Derrière Sparklehorse se dissimule Mark Linkous, un homme discret au parcours jalonné de multiples obstacles. Son univers musical s’en trouve aussi radieux que tourmenté.
Mark Linkous ne l’aura pas eue facile. En 1995, le succès retentissant de son premier album (Vivadixiesubmarinetransmissionplot) exerçait sur cet être solitaire et taciturne une trop grande pression. Un soir à Londres, alors qu’il se trouvait en tournée avec Radiohead, une fâcheuse combinaison de médicaments, d’alcool et d’héroïne aura raison de lui. Une overdose le confinera plusieurs mois à un fauteuil roulant.
Avec Dreamt for Light Years in the Belly of a Mountain paru l’automne dernier, Linkous s’est apaisé et semble être parvenu à combattre de vieux démons. Le processus de création fut toutefois long et ardu. Quelques-unes des chansons de ce quatrième disque ont été écrites il y a plus de cinq ans, soit durant l’enregistrement du précédent It’s a Wonderful Life. C’est le cas de Shade and Honey et Morning Hollow, qui présentent un penchant plus pop et plus aérien tranchant avec les ballades engourdissantes au tempo lent et aux accents country-folk de son répertoire passé. "Dès le départ, je savais que cet album allait prendre des allures plus pop que mes précédents, raconte Linkous. Mais je trouvais qu’il était difficile de créer une chanson pop, vraiment belle et vraiment intéressante, sans que cela sonne faux et tourne à la tentative manquée. J’étais effrayé à l’idée de rater mon coup et c’est pourquoi cela m’a pris autant de temps."
Multipliant les épisodes de dépression, il a laissé en plan l’élaboration de l’oeuvre durant plusieurs années, jusqu’à ce qu’il croise par hasard la route du réalisateur Danger Mouse (Gnarls Barkley, Gorillaz, The Grey Album). Ce dernier a participé à quatre titres: "Les pièces sur lesquelles nous avons travaillé ensemble étaient déjà enregistrées, mais elles ne m’intéressaient plus, car j’étais incapable de transposer en studio ou avec un quelconque instrument ce que j’avais en tête. Il y est parvenu avec son ordinateur en manipulant quelques-unes des pistes." La rencontre entre les deux hommes s’est d’ailleurs si bien déroulée qu’ils projettent de s’associer sous le nom de Danger Horse en vue de produire un album. Linkous, qui a déjà collaboré avec PJ Harvey, Thom Yorke et Tom Waits, en plus de réaliser des albums pour Nina Pearson et Daniel Johnston, prévoit également enregistrer un album avec Christian Fennesz, un artiste électronique originaire de Vienne.
Le musicien a aussi acquis une nouvelle confiance quant à sa perception de la scène: "Les paroles de mes chansons sont tellement personnelles et souvent très tristes. Je me sentais coupable de les interpréter sur scène; j’avais l’impression que je les tournais en simple divertissement. J’ai maintenant appris à me dissocier de mes textes et à avoir du plaisir à partager mes chansons avec le public. Et pour cette tournée, je me suis entouré de très bons musiciens, des gens que j’adore et qui font en sorte que, pour une fois, je prends goût à la vie de tournée." Il avoue tout de même avoir hâte au moment où il retournera tranquillement chez lui, dans sa ferme de la Caroline du Nord où il vit reclus avec sa femme, ses chevaux, ses chats et son chien.
Avec Jesse Sykes, le 24 février
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