Amélie Lefebvre : Au pays des merveilles
Amélie Lefebvre saupoudre délicatement ses pièces romantico-joviales sur l’Ontario français, et ça fleure bon le pays des merveilles…
Sur la pochette de son premier album, Amélie Lefebvre est entourée de papillons, d’oiseaux, de fleurs et d’une guitare, traduisant justement l’univers féérique qui l’auréole. Lancée en novembre dernier dans la Ville Reine où l’artiste niche, la galette simplement intitulée Amélie est la première manifestation attendue de celle qui avait remporté les honneurs en 2005 au concours Ontario Pop, dont le prix SOCAN pour sa pièce Je t’attends. Pas mal pour cette autodidacte qui ne manie la six cordes que depuis quatre ans! "C’est une amie qui m’a tendu la guitare, et aussitôt que j’ai commencé à faire quelques accords, à reconnaître des airs que j’aimais, j’ai été poussée à continuer. C’est ce qui a déclenché l’écriture", relate celle qui y voyait une porte de sortie pour l’introvertie qu’elle était devenue. Elle renvoie ainsi l’image d’une romantique, d’une rêveuse, qui garde malgré tout les pieds sur terre… Amélie complète: "J’ai gardé un côté plus enfantin, innocent, plein d’espoir, d’étoiles dans les yeux… J’aime ça, rêver. Et d’un autre côté, je suis devenue une femme assez déterminée qui sait plus ou moins qui elle est."
En plus de sa chanson primée, sept autres compositions jalonnent l’album, où elle brasse une potion cabaret folk-acoustique. Elle s’approprie par ailleurs J’allume une étoile, chanson issue de l’émission télévisuelle La Souris verte qu’elle traîne depuis qu’elle est fillette dans un carnet de comptines de camp d’été.
Tantôt tragique, tantôt espiègle, Amélie Lefebvre ne trahit pas son passé de comédienne – elle a fait des études collégiales en théâtre à Vancouver -, qui fait d’elle une artiste qui ne réinvente pas la roue, mais chez qui on aime bien se réfugier pour des moments délicieux d’abandon. C’est que la chanteuse à la guitare, qui se décrit comme clown à ses heures, sait manier la voix et des mots qu’elle consacre à son quotidien et à ses proches – Mon grand, par exemple, a été composée lors du 65e anniversaire de papa et Je t’attends est dédiée à son amoureux. Peut-être était-ce pour se faire pardonner Jimmy, où elle avoue son obsession pour une star de cinéma – James Spader en l’occurrence? "Ça a été une passe assez drôle, et il a fallu que j’écrive quelque chose là-dessus, que j’en rie", justifie-elle, amusée.
Et comment ne pas mentionner la jolie 24 Heures, où la jeune artiste décrit son rapport au temps. "C’était ma propre impatience envers moi. De toujours vouloir quelque chose d’autre alors que j’oubliais ce que j’avais maintenant. De voir comment les choses changent vite. C’était un peu de me regarder dans le miroir et de me dire: "Voyons donc!" (rires)"
Autant de belles compositions qui lui ont valu rien de moins que sept nominations au prochain Gala des prix Trille Or, dont celle d’interprète de l’année, qui lui fait particulièrement plaisir. Et cette dernière se targue bien d’évoluer dans un milieu où chanter en français n’est pas la norme. "Je me suis promenée pas mal et je trouve ça remarquable comment le français s’est éparpillé de Vancouver à ici, et je suis contente de pouvoir participer à cela."
Ainsi, après avoir parcouru les cafés et petites boîtes de son Toronto d’adoption, voilà qu’Amélie s’amène dans la région en format trio au Petit Chicago, après quoi elle sera à la Quatrième Salle du CNA en mai prochain. Petit papillon qui déploie encore ses ailes hors de son cocon, certes, mais qui n’a certainement pas fini de nous envoûter.
Le 7 mars à 21h
Au Petit Chicago
Voir calendrier Chanson
Avec Manon Charlebois, le 11 mai à 20h
À la Quatrième Salle du CNA