8F8M : Femmes armées
Le collectif 8F8M présente Dégaine que je rengaine, la 12e édition de son spectacle multidisciplinaire conjugué au féminin. Claire Duguay présente la mouture 2007 de ce "band de filles".
Voilà maintenant 12 ans que les talentueuses musiciennes Louise Poirier et Claire Duguay invitent le public outaouais avec 8 Femmes 8 mars à se parler de la gent féminine dans le blanc des yeux à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Et comme les deux instigatrices ont toujours été scrupuleuses quant au dévoilement des détails des numéros du spectacle, pourquoi ne pas se rabattre dans un premier temps sur le titre de la présente édition? "Dégaine que je rengaine renvoie à la situation des femmes, mais aussi à la situation politique… On dit dégaine avec tes attaques ou tes idées et rengaine, comme remettre son fusil dans sa gaine… Et nos armes à nous, ce sont nos chansons. C’est avec elles que l’on prend des positions. C’est ce qui nous a été donné comme talent, alors c’est avec ça qu’on réagit", décrit Claire Duguay.
Ces réactions prennent plusieurs formes artistiques cette année, nourries par les habituées du spectacle – Andrée Poirier (chanteuse), Carina Mach (bassiste), Geneviève Couture (comédienne) – mais aussi par des recrues qui amènent un souffle jeune et revigorant au collectif – Emmanuelle Caplette (batteuse), Kathia Rock (chanteuse innue) et Marianne Allard (vidéaste). "Le nouveau, c’est toujours stimulant, ça amène des nouvelles idées, du sang neuf, une vision différente des choses… C’est vraiment nécessaire", atteste celle qui se place derrière le micro, l’accordéon et les claviers, alors que sa complice Louise Poirier s’affaire aux guitares, à la voix, et aux textes.
Et à la surprise des comparses elles-mêmes, c’est notamment dans le country que s’inscrit cette année la parole de 8F8M. "On s’est beaucoup amusées musicalement. Le country est un style très "premier degré", qui dit ce qu’il a à dire, qui ne passe pas par quatre chemins. Et ici, ça sert le propos, illustre Claire. L’humour passait bien aussi avec le country". Ajouter une batterie au spectacle avec Emmanuelle Caplette – remplaçant leur percussionniste Francine Martel en sabbatique – leur permettait également de visiter d’autres sentiers musicaux tels que le hip-hop, le progressif ou le jazz.
Au chapitre des sujets "actuels" abordés, Claire Duguay en laisse échapper quelques-uns de sa boîte de Pandore: il sera question de "conciliation travail-famille", du réchauffement climatique et… d’autres enjeux du quotidien dans la vie de ces femmes. "C’est Geneviève Couture qui abordera le travail et la famille dans son numéro, elle qui était enceinte de sept mois lors du spectacle l’an dernier! Elle a maintenant deux enfants à la maison et c’est une comédienne professionnelle. Ça l’a inspirée et son texte est assez percutant", affirme Claire.
Ainsi, sous des dehors de fête et de rires, 8F8M ne fait pas toujours dans la dentelle, comme en témoigne l’énumération, sur son site Internet (www.8f8m.org), de ses principales préoccupations: "l’hyper-sexualisation des filles, la banalisation de la violence et du sexe, […] la cuculture, la pollution, la chute des hormones en bourse […]". Plongeraient-elles parfois dans le cynisme? "Personnellement, oui, je suis très cynique, mais je me bats quotidiennement contre ça. J’essaie de ne pas l’être, parce que je crois que c’est le début d’une certaine paralysie. J’avoue que quand on fait du brainstorming et que l’on veut débroussailler… c’est difficile (rires). Mais il faut que ça sorte. C’est ça la prise de conscience! Il faut toujours bien se rendre compte des choses qui ne marchent pas pour trouver une solution", conclut Claire, qui tient à rappeler que "ce n’est pas un spectacle "contre", mais un spectacle "pour"".
Les 8 et 9 mars à 20h
À la salle Jean-Despréz
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