Ariane Moffatt : Mademoiselle Liberté
Musique

Ariane Moffatt : Mademoiselle Liberté

Pendant que d’autres choisissent leurs contraintes, Ariane Moffatt a préféré la liberté. Une liberté qui lui fera voir le monde, portée par sa musique.

Dans le dernier droit de sa tournée en salle pour l’album Le Coeur dans la tête, Ariane Moffatt vit avec beaucoup d’intensité chaque fugitif moment où elle croise la route de ses fans. S’il arrive que certains artistes aient le coeur ailleurs en fin de parcours, ce n’est pas son cas. "J’ai encore la tête à ça. Même qu’il y a une espèce de crescendo de plaisir dans la tournée!"

Si la chanteuse n’a pas immédiatement su apprivoiser son deuxième album, très personnel, elle l’a depuis rattrapé, et le partage aujourd’hui sans appréhension. "La tournée va tellement bien que j’ai appris à l’habiter, à l’assimiler. C’est que l’album était très frais lorsque j’ai commencé à faire la tournée… Par moments, j’avais l’impression d’être impudique, d’être très personnelle dans mon écrit et dans ce que je livrais… C’est épeurant au début de livrer ça comme ça, à froid, aux gens. Des fois, tu fais des albums et tu ne penses pas vraiment à ça, aux rebondissements qu’il peut y avoir… Quand c’est le temps de le sortir, tu as le vertige."

"Mon album est peut-être allé plus vite que moi. Aujourd’hui, c’est une tout autre affaire. Les perspectives sont différentes, il n’y a vraiment pas de douleur qui y soit associée. Mais c’est vrai que des fois on a peur d’être trop personnelle… Finalement, je me dis que c’est un peu ça notre métier, que c’est ça notre responsabilité d’artiste."

QUELQUES ESCALES

Si la liste des dates des spectacles d’Ariane Moffatt dans les salles du Québec s’arrête déjà en mars, c’est parce que la vie la mène sur des sentiers pour le moins inattendus… en Amérique du Sud. "Je m’en vais au Brésil et au Chili pour faire des shows. C’est un voyage dans le cadre des Journées internationales francophones. À partir du moment où le Brésil m’a "bookée", l’ambassade du Chili a aussi manifesté le désir de "booker" des shows. Alors finalement je me retrouve avec une petite tournée là-bas, que je vais peut-être rallonger un peu par des vacances d’écriture. Mon but, c’est de me remettre en création assez rapidement."

L’expérience pourrait-elle influencer la création de son troisième album? "Quand je suis allée en Inde, les gens me demandaient s’il allait y avoir une sonorité… Mais des fois, c’est juste des lieux où tu vas, tu n’as pas nécessairement le temps d’assimiler la culture complètement. Le fait d’être ailleurs pour écrire, ça, je trouve que c’est intéressant. Être loin de ton centre, du quotidien… Je trouve que pour l’imagination, ça ouvre peut-être à une plus grande liberté. Ça faisait longtemps que je voulais aller au Brésil, mais je ne savais pas que j’irais par la musique en premier, ça, c’est débile! Je parlais avec ma soeur, on discutait des endroits rêvés où j’aimerais jouer, et j’avais sorti le Brésil, le Chili et l’Argentine. Une semaine après, j’ai appris qu’il y avait des demandes pour des spectacles là-bas."

SOUVENIRS DE VOYAGE

Ariane Moffatt a un sourire de satisfaction dans la voix lorsque vient le temps de faire le bilan de la dernière année – personne ne pourrait le lui reprocher. En effet, son parcours récent est ponctué de succès qui la surprennent elle-même encore. C’est avec une modestie sentie qu’elle aborde le sujet de l’ADISQ, où lui ont été décernés trois Félix (interprète féminine, meilleur album et meilleur DVD). "Ça a été comme une espèce de couronnement inattendu par rapport au prix de l’interprète féminine de l’année. Un prix du public, comme ça, sur un album que je trouvais un petit peu moins accessible que le premier… Qu’on me renvoie le sentiment contraire avec un vote populaire… ça a été bien encourageant."

Si elle jouit d’une bonne reconnaissance de la part tant du public que de la critique au Québec, c’est avec beaucoup d’aplomb qu’elle envisage son flirt avec le public français, qu’elle a courtisé à quelques reprises, refusant de précipiter les choses. "C’est un nouveau territoire qu’on développe tranquillement. C’est le groupe Plaster qui m’accompagnait (cet automne). Ça a été une belle tournée en région française, un bon moment de liberté."

À écouter si vous aimez
-Stéphanie Lapointe
-M
-Camille